mardi 18 février 2020

Libérez votre cerveau d'Idriss Aberkane



Idriss ABERKANE est né en 1986, spécialiste des neurosciences appliquées et titulaire de trois doctorats. Editorialiste au « Point », il a également donné plus de quatre cents conférences sur quatre continents.

Idriss Aberkane, lui, nous rappelle sans cesse l’importance d’une expérimentation libérée face aux certitudes établies et aux idéologies du passé. Il nous explique que nous devons nous adapter à ce que nous découvrons chaque jour des formidables possibilités humaines.

Les neurosciences questionnent aujourd’hui nos habitudes et nos façons de penser mieux que toute autre discipline. Il nous explique que notre cerveau sera toujours plus grand que tout ce qu’il peut concevoir. Nous n’utilisons pas bien notre cerveau, à l’école, au travail, en politique.

Les conséquences de ce mauvais usage sont diverses, mais elles ont en commun le mal-être, fossilisation mentale et l’inefficacité. Nous pouvons mieux apprendre, mieux produire, mieux voter, nous pouvons mieux penser, mieux communiquer, tout cela en étant plus épanouis, plus heureux, plus productifs, et donc plus brillants. Alors que signifie exactement sortir son cerveau du confinement ?

Il est tout d’abord important de souligner que le prodige ne pratique pas parce qu’on le lui demande, mais parce qu’il adore ça. Léonard de Vinci affirmait que l’amour est la source de toute connaissance. Le prodige, en effet, travaille par amour. Il ne travaille pas pour une note, pour un prix, ou pour une reconnaissance de ses pairs, il le fait pour lui, par désir inconditionnel de ce qu’il produit. 

L’école actuelle a remplacé notre cœur et notre intuition dans la définition de notre destin, de notre identité, et nous n’avons pas gagné au change. Dans la vie, l’humanité crée une diversité de pensées, de pratiques, de méthodes, d’esprit. Dans la vraie vie, l’école dit : « Hors de ma mesure, point de salut. » Pourtant face à l’échec scolaire, cette même école admet que la priorité, c’est au moins la sociabilisation de l’élève. Elle se produit donc uniquement dans la cour de récréation. Notre société est une sorte de machine qui prône la culture de la place fixe et qui est à la fois une culture de la conformité mais aussi de l’exclusion. Il est actuellement inscrit dans le cahier des charges de l’école qu’elle doit décevoir des usagers et, par principe, décevoir l’Homme plutôt que l’Usine qui est son client final. Il faut donc créer à l’échelle mondiale la méthode « essai-erreur » et expérimenter de nouvelles pratiques pédagogiques autour, notamment, de ce que le psychologue Stanislas Dehaene a appelé « les quatre piliers de l’apprentissage » :
-          L’attention
-          L’engagement actif
-          Le retour d’information
-          La consolidation

Dans les écoles Montessori nous proposons aux enfants des activités en adéquation à leur besoin. En allant du plus simple au plus complexe tout en alliant mouvement et répétition. La leçon en trois temps (présentation, retour d’information, consolidation) permet d’asseoir l’expérience. De nombreuses écoles alternatives ont compris l’importance de changer notre façon d’éduquer par la créativité, par l’amour des savoirs, par l’épanouissement et non par la conformité. Pourquoi éduquons-nous ? Pour le bonheur intérieur brut ou pour le produit intérieur brut ? L’école désirée est celle de l’épanouissement, l’école imposée est celle de l’unité économique. A partir du moment où ce n’est plus à l’école de s’adapter à l’homme mais à l’homme de s’adapter à l’école, le ver est dans le fruit !

Nous vivons donc dans le conditionnement. Ce qui est sûr, c’est qu’à l’école, échanger des savoirs, c’est tricher, alors que dans la vraie vie, cela s’appelle de la coopération. L’école prépare à la société, et si elle a des vices, ils s’y trouveront amplifiés. L’individualisme, la conformité, l’apprentissage monocanal… Tous ces vices scolaires se retrouveront en société, mais le plus grave d’entre eux c’est l’idée que le plaisir est anti-professionnel. L’idée est donc enfouie dans notre inconscient collectif que le travail est une conformité forcée et qu’il sera douloureux. Or rien n’est plus faux : travailler dur pour quelque chose que l’on aime, cela s’appelle de la passion.

Il faut rendre nos enfants gourmands de savoirs ! Cela tombe bien ils le sont naturellement dès la naissance. Il faut donc s’intéresser à la dynamique d’apprentissage et non au stock du savoir. 

Ce n’est pas au cerveau de servir l’école mais à l’école de servir le cerveau !

Stéphanie F.

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