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lundi 3 avril 2023

Les dépossédés-Ursula Le Guin- Puis je renaitre sur Anarres!

Il y a quelques jours encore, je ne la connaissais pas mais c'est l'une de mes plus belle découverte. Un livre que de mon point de vue nous devrions tous avoir lu. Ecrit en 1974 et criant d'actualité. 




Comme souvent, chez Ursula Le Guin, l’œuvre repose sur un voyage d’une culture vers une autre, très différente l’une de l’autre. Les Dépossédés nous présente une dualité de ce type : deux planètes jumelles mais profondément opposées. Il y a d’abord Anarres, dont le nom est un bon indice : il s’agit d’une utopie anarchiste, mais surtout d’une utopie ambigüe, car la liberté totale y est contrebalancée par une forte pauvreté et une rudesse de la vie en communauté. En face, Urras, qui n’est autre qu’un temple du capitalisme sous l’égide d’un État centralisateur où le culte du profit oppresse toute individualité.

Sur Anarres, le Dr Shevek, brillant physicien, développe des théories scientifiques de haut vol, combinant tant les mathématiques que des disciplines sociales comme l’éthique. Mais bien que la liberté règne sur Anarres, certains des projets de Shevek dérangent, contrastent avec les opinions majoritaires, se confrontent à une renaissance progressive de contraintes bureaucratiques. Il décide alors d’entreprendre un voyage vers Urras, pour créer des ponts entre les modes de vie, rouvrir le dialogue, et diffuser plus largement ses hypothèses scientifiques.

Voici quelques citations:

Sur l'école:

"Il fut épouvanté par le système des examens, quand on le lui expliqua ; il ne pouvait pas imaginer de plus grand obstacle au désir naturel d'apprendre que cette façon de se gaver d'informations pour les dégorger à la demande. Au début, il refusa de faire passer des tests et des examens, mais cela ennuya tellement les administrateurs de l'Université qu'il finit par accepter, ne voulant pas se montrer discourtois envers ses hôtes. Il demanda à ses étudiants d'écrire un essai sur la question de physique qui les intéressait le plus et leur dit qu'il leur donnerait à tous la plus haute note, afin que les bureaucrates aient quelque chose à mettre sur leurs formulaires et leurs listes. A sa grande surprise, un bon nombre d'étudiants vint le voir pour se plaindre de cette méthode. Ils voulaient qu'il leur donne des problèmes, qu'il les interroge ; ils ne voulaient pas penser eux-mêmes à des questions, mais écrire les réponses qu'ils avaient apprises. Et certains d'entre eux s'élevaient vivement contre le fait d'attribuer la même note à tous. Comment les bons étudiants pourraient-ils être distingués des paresseux ? A quoi bon travailler avec application ? Si aucune distinction compétitive n'était faite, autant se tourner les pouces."

(chap. V)

Sur les centres commerciaux:

"Cette expérience lui avait été si pénible qu'il essaya de l'oublier le plus vite possible, mais pendant plusieurs mois il continua à en rêver, à faire des cauchemars. Le Boulevard Saemtenevia faisait trois kilomètres de long, et c'était une masse solide de gens, d'échanges, de choses: des choses à vendre et à acheter. Des manteaux, des robes, des tuniques, des jupes, des pantalons, des culottes, des chemises, des corsages, des chapeaux, des chaussures, des bas, des écharpes, des châles, des vestes, des capes, des parapluies, des habits à porter en dormant, en nageant, en jouant à certains jeux, pour une réception dans l'après-midi, pour une soirée, pour une réception à la campagne, en voyageant, en allant au théâtre, en montant à cheval, en jardinant, en recevant des invités, en faisant du bateau, en mangeant, en chassant... tous différents, tous dans des centaines de coupes, de styles, de couleurs, de tissus différents. Des parfums, des montres, des lampes, des statuettes, des cosmétiques, des chandelles, des photos, des caméras, des jeux, des vases, des canapés, des bouilloires, des jeux de patience, des oreillers, des poupées, des passoires, des coussins, des bijoux, des tapis, des cure-dents, des calendriers, un hochet de bébé en platine avec une poignée en cristal de roche, un appareil électrique pour tailler des crayons, une montre de poignet avec des chiffres en diamant; des figurines et des souvenirs, des plats fins et des agendas, des colifichets, un incroyable bric-à-brac, tout étant soit simplement inutile, soit décoré au point de cacher son utilité; des acres d'objets de luxe, des acres d'excréments. Au premier bloc, Shevek s'était arrêté pour regarder un manteau tacheté à longs poils, l'article placé au centre d'une vitrine scintillante de vêtements et de bijoux. « Ce manteau coûte 8 400 unités ? » avait-il demandé stupéfait, car il avait lu récemment dans un journal que le « salaire de base » était d'environ 2 000 unités par an. « Oh, oui, c'est de la vraie fourrure, c'est très rare maintenant que les animaux sont protégés », avait répondu Pae. « C'est joli, n'est-ce pas ? Les femmes adorent les fourrures », et ils continuèrent leur chemin. Au bout d'un autre bloc, Shevek se sentait particulièrement fatigué. Il ne pouvait plus regarder. Il aurait voulu se cacher les yeux.
Et le plus étrange à propos de cette rue cauchemardesque était qu'aucune des millions de choses qui y étaient à vendre n'était fabriquée là. Elles y étaient seulement vendues. Où se trouvaient les ateliers, les usines, où étaient les fermiers, les artisans, les mineurs, les tisserands, les chimistes, les sculpteurs, les teinturiers, les dessinateurs, les machinistes, où étaient les mains, les gens qui créaient ? Hors de vue, ailleurs. Derrière des murs. Tous les gens, dans toutes les boutiques, étaient soit des acheteurs, soit des vendeurs. Ils n'avaient d'autre relation avec les choses que celle de la possession."

"Je n'étais pas censé m'approcher de la poudre. Je devais être tenu à l'écart de la populace, vivre parmi les universitaires et les riches. Ne pas voir les pauvres. Ne rien voir de laid. Je devais être mis dans un cocon au fond d'une boîte enveloppée dans un papier protégé par un carton d'emballé dans un sac plastique, comme tout ce qu'on trouve ici."

Comparaison entre Anarres et peut importe le nom

"- Mais parlez-nous d’Anarres, dit Vea. Comment est-ce réellement ? Est-ce vraiment si merveilleux là-haut ?

Il était assis sur le bras du fauteuil, et Vea était installée sur un coussin, à ses genoux, droite et souple, ses seins délicats le fixant de leurs pointes aveugles, souriante, contente, rougissante.
Quelque chose de sombre se mit à tourner dans l’esprit de Shevek, obscurcissant tout. Sa bouche était sèche. Il vida le verre que le serviteur venait de lui remplir.

- Je ne sais pas, dit-il ; sa langue était à moitié paralysée. Non. Ce n’est pas merveilleux. C’est un monde laid. Pas comme celui-ci. Sur Anarres, il n’y a que de la poussière et des collines desséchées. Tout est maigre, tout est sec. Et les gens ne sont pas beaux. Ils ont de grosses mains et de grands pieds, comme moi et ce serveur qui est ici. Mais pas de gros ventre. Ils se salissent beaucoup, et prennent leurs bains ensemble, personne ne fait cela ici. Les villes sont ternes, et très petites, elles sont lugubres. Il n’y a pas de palais. La vie est morne, et le travail est dur. On ne peut pas toujours obtenir ce qu’on veut, ni ce dont on a besoin, parce qu’il n’y en a pas assez. Vous autres Urrastis, vous en avez suffisamment. Vous avez assez d’air, assez de pluie, d’herbe, d’océans, de nourriture, de musique, de maisons, d’usines, de machines, de livres, de vêtements, d’histoire. Vous êtes riches, vous possédez. Nous sommes pauvres, il nous manque beaucoup. Vous avez, nous n’avons pas. Tout est beau ici. Sauf les visages. Sur Anarres, rien n’est beau, rien, sauf les visages. Les autres visages, les hommes et les femmes. Nous n’avons que cela, que nous autres. Ici on regarde les bijoux, là-haut, on regarde les yeux. Et dans les yeux, on voit la splendeur, la splendeur de l’esprit humain. Parce que nos hommes et nos femmes sont libres. Et vous les possédants, vous êtes possédés. Vous êtes tous en prison. Chacun est seul, solitaire, avec un tas de choses qu’il possède. Vous vivez en prison, et vous mourrez en prison. C’est tout ce que je peux voir dans vos yeux – le mur, le mur !"

"De la pierre, de l'acier, du verre, des lumières électriques. Pas de visages."



"Il essaya de lire un manuel élémentaire d'économie, mais cela l'ennuya tellement qu'il fut incapable de le terminer; c'était comme écouter quelqu'un faire le récit interminable d'un long rêve stupide. Il ne pouvait pas se forcer à comprendre comment fonctionnaient les banques et le reste, parce que toutes les opérations du capitalisme lui paraissaient aussi dépourvues de sens que les rites d'une religion primitive, aussi barbares, aussi élaborées et aussi inutiles. ..dans les rites des boursiers, où la cupidité, la paresse et la jalousie étaient supposées motiver les actes des hommes, même le terrible devenait banal. "

"Shevek s'arrêta, le col de sa chemise encore sur le nez. Puis il émergea complètement, s'agenouilla et ouvrit la poubelle. Elle était vide.
- Les vêtements sont brûlés ?
- Oh, ceux-là sont des pyjamas bon marché, pour le service... on les met et on les jette, cela coûte moins cher que de les faire nettoyer.
- Cela coûte moins cher, répéta Shevek d'un air méditatif. Il avait prononcé ces mots à la façon d'un paléontologue regardant un fossile, un fossile datant d'au moins une strate."

" Les idées de Kimoe ne semblaient jamais capables d’aller en ligne droite ; elles devaient contourner ceci, éviter cela, et allaient finalement s’écraser contre un mur. Des murs entouraient toutes ses pensées, mais il semblait complètement les ignorer, bien qu’il se cachât sans cesse derrière eux. (p. 2)"

Anarres:




Elle suggérait que la limite naturelle de la taille d'une communauté réside dans sa dépendance envers son arrière-pays immédiat pour son alimentation de base et son énergie, mais elle prévoyait que toutes les communautés soient reliées par un réseau de transports et de communications, afin que les idées et les produits puissent aller là où ils étaient demandés ; l'administration devait travailler avec rapidité et facilité, et aucune communauté ne devait être coupée du réseau d'échange. Mais ce réseau ne devait pas être dirigé de haut en bas. Il ne devait pas y avoir de centre de contrôle, pas de capitale, pas d'établissement d'un mécanisme bureaucratique auto-reproducteur ni d'une tendance dominante des individus cherchant à devenir des capitaines, des patrons, des chefs d'États.
(chap. IV)


"- Si nous étions meilleurs que n'importe quelle société humaine, dit Tirin, alors nous devrions les aider. Mais cela nous est interdit.
- Interdit ? C'est un mot non organique. Qui interdit ? Tu es en train d'extérioriser la fonction intégrante elle-même, déclara Shevek, penché en avant et parlant avec force. L'ordre n'est pas "les ordres". Nous ne quittons pas Anarres parce que nous "sommes" Anarres. Étant Tirin, tu ne peux pas quitter la peau de Tirin. Cela pourrait te plaire d'essayer d'être quelqu'un d'autre pour voir à quoi cela ressemble, seulement tu ne peux pas. Mais tu n'en es pas empêché par la force ? Sommes nous ici retenus de force ? Quelle force - quelles lois, quels gouvernements, quelle police ? Rien de tel. Simplement notre propre être, notre nature d'Odonien. C'est ta nature d'être Tirin, et la mienne d'être Shevek, et notre nature commune est d'être des Odoniens, responsables envers les autres. Et cette responsabilité est notre liberté. L'éviter, ce serait perdre notre liberté.
Aimerais-tu vraiment vivre dans une société où tu n'aurais aucune responsabilité et aucune liberté, aucun choix, seulement la fausse option de l'obéissance à la loi, ou la désobéissance suivie d'un châtiment ?...
...Et qui nous ment à ton avis ? demanda Shevek.
- Qui, frère ? Qui sinon nous mêmes ?
La planète soeur brillait au dessus d'eux, sereine et lumineuse, bel exemple de l'improbabilité du réel."

Ce qu'il ne faut pas oublié (jamais) pour qu'une utopie persiste:

"Vous avez peur de nous là-bas. Vous craignez que nous puissions ramener la révolution, la vieille révolution, la vraie, cette révolution désireuse de justice que vous avez commencée, puis que vous avez abandonnée à mi-chemin. Ici, ils me craignent moins parce qu'ils ont oublié la révolution. Ils ne croient plus en elle. Ils pensent que si les gens possèdent assez de choses ils sont contents de vivre en prison. Mais je ne crois pas à cela. Je veux abattre les murs. Je désire la solidarité, la solidarité humaine."

"J'essaye d'expliquer ce qu'est réellement la fraternité pour moi. Cela commence...cela commence par le partage de la souffrance."

"C'est notre souffrance qui nous réunit. Ce n'est pas l'amour. L'amour n'obéit pas à l'esprit, et se transforme en haine quand on le force. Le lien qui nous attache est au-delà du choix. Nous sommes frères. Nous sommes frères dans ce que nous partageons. Dans la douleur, que chacun d'entre nous doit supporter seul, dans la faim, dans la pauvreté, dans l'espoir, nous connaissons notre fraternité. Nous la connaissons, parce que nous avons dû l'apprendre. Nous savons qu'il n'y a pas d'autre aide pour nous que l'aide mutuelle, qu'aucune main ne nous sauvera si nous ne tendons pas la main nous-mêmes. Et la main que vous tendez est vide, comme la mienne. Vous n'avez rien. Vous ne possédez rien. Vous êtes libre. Vous n'avez que ce que vous êtes, et ce que vous donnez. Je suis ici parce que vous voyez en moi la promesse que nous avons faite il y a deux cents ans dans cette ville - la promesse tenue. Car nous l'avons tenue, sur Anarres. Nous n'avons que notre liberté. Nous n'avons rien à vous donner que votre propre liberté. Nous n'avons comme loi que le principe de l'aide mutuelle entre individus. Nous n'avons comme gouvernement que le principe de l'association libre. Nous n'avons pas d'états, pas de nations, pas de présidents, pas de dirigeants, pas de chefs, pas de généraux, pas de patrons, pas de banquiers, pas de seigneurs, pas de salaires, pas d'aumônes, pas de police, pas de soldats, pas de guerres. Et nous avons peu d'autres choses. Nous partageons, nous ne possédons pas. Nous ne sommes pas prospères. Aucun d'entre nous n'est riche. Aucun d'entre nous n'est puissant. Si c'est Anarres que vous voulez, si c'est vers le futur que vous vous tournez, alors je vous dis qu'il faut aller vers lui les mains vides. Vous devez y aller seuls, et nus, comme l'enfant qui vient au monde, rien posséder, dont la vie dépend entièrement des autres gens. Vous ne pouvez pas prendre ce que vous n'avez pas donné, et c'est vous-même que vous devez donner. Vous ne pouvez pas acheter la Révolution. Vous ne pouvez pas faire la Révolution. Vous pouvez seulement être la Révolution. Elle est dans votre esprit, ou bien elle n'est nulle part."

"Si on considère [la Révolution] comme ayant une fin, elle ne commencera jamais réellement."

"Tout le monde est révolutionnaire sur Anarres"

"La solidarité, oui ! Mais nous avons trahi cet espoir. Nous avons laissé la coopération se transformer en obéissance. Sur Urras, ils sont gouvernés par la minorité. Ici, nous sommes gouvernés par la majorité. Mais c'est un gouvernement ! La conscience sociale n'est plus une chose vivante, mais une machine, une machine de pouvoir, contrôlée par des bureaucrates !"

« Où veux-tu en venir ? grommela Takver, s’enfonçant plus profondément sous la couverture. — Eh bien, à ceci. Que nous avons honte de dire que nous avons refusé un poste. Que la conscience sociale domine complètement la conscience individuelle, au lieu d’être en équilibre avec elle. Nous ne coopérons pas – nous obéissons. Nous craignons d’être proscrits, d’être traités de paresseux, de dysfonctionnels, d’égotistes. Nous craignons l’opinion de notre voisin plus que nous ne respectons notre liberté de choix. Tu ne me crois pas, Tak, mais essaie, essaie seulement de t’écarter de toi, juste en imagination, et regarde comment tu te sens. Tu te rends compte alors de ce qu’est Tirin, et pourquoi c’est une épave, un esprit perdu. C’est un criminel ! Nous avons créé le crime, tout comme les propriétaires. Nous forçons un homme hors de la sphère de notre approbation, et ensuite nous le condamnons pour cela. Nous avons fait des lois, des lois de comportement conventionnel, nous avons construit des murs tout autour de nous-mêmes, et nous ne pouvons pas les voir, parce qu’ils font partie de notre pensée. Tir n’a jamais fait cela. Je le connaissais depuis que nous avions dix ans. Il n’a jamais fait cela, il n’a jamais pu construire de murs. C’était un rebelle naturel. Un Odonien naturel – un vrai ! C’était un homme libre, et le reste d’entre nous, ses frères, nous l’avons poussé à la folie en punition de son premier acte libre. » (Takver et Shevek, p. 334)"

"Il était facile de partager quand il y avait assez pour toute la table, même juste assez. Mais quand il n'y avait pas suffisamment ? Alors la force intervenait ; la force qui faisait le droit ; le pouvoir, et son outil, la violence, et son plus fidèle allié, le regard qu'on détourne."

Il avait le droit de prendre une compensation pour ce qu'il avait manqué, mais il ne voulait pas l'expliquer. L'existence est sa propre justification, le besoin est le droit.

"Pour lui, la pensée ne devait pas nier une réalité au profit d'une autre, mais les inclure et les relier. Ce n'était pas facile."

"Comme tous les murs, il était ambigu, avec ses deux côtés. Ce qui se trouvait à l'intérieur et ce qui était à l'extérieur dépendait du côté du mur d'où l'on regardait."

On ne peut pas briser les idées en les réprimant. On ne peut les briser qu'en les ignorant. En refusant de penser, refusant de changer.



Sur la Terre ( écrit en 1974!) : 
"Ma planète, ma Terre, est une ruine. Une planète gaspillée par la race humaine. Nous nous sommes multipliés, et gobergés et nous nous sommes battus jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, et ensuite nous sommes morts. Nous n'avons contrôlé ni notre appétit, ni notre violence: nous ne nous sommes pas adaptés. Nous nous sommes détruits nous-mêmes. Mais nous avons d'abord détruit la planète."


Sur la beauté de la vie:

« Pourquoi paraît-elle si belle ? Dit Takver (…) Alors que nous savons que ce n’est qu’une planète comme celle-ci, ajouta-t-elle, avec seulement un meilleur climat et des gens pires – alors que nous savons que ce sont tous des propriétaires, qu’ils font la guerre, et des lois, et que certains mangent pendant que d’autres meurent de faim, et que cependant ils vieillissent tous et ont des problèmes et des rhumatismes dans les genoux et des cors aux pieds tout comme les gens d’ici… alors que nous savons tout cela, pourquoi paraît-elle si heureuse – comme si la vie là-haut devait être heureuse ? (…) - Si tu peux voir une chose entière, dit-il, elle semble toujours belle. Mais de près, un monde n’est formé que de rocs et de poussière. Et au jour le jour, la vie est dure, on se fatigue, on perd de vue le modèle. On a besoin d’éloignement, d’un intervalle. Le moyen de voir comme la vie est belle, c’est de la voir depuis la position avantageuse qu’est la mort. "(p. 198-199)

Sur l'amour:
« Qu’est-ce qui te gêne dans le plaisir, Takver ? Pourquoi n’en veux-tu pas ? - Il n’y a rien qui me gêne. Et je désire le plaisir. Seulement je n’en ai pas besoin. Et si je prenais ce dont je n’ai pas besoin, je n’obtiendrais jamais ce dont j’ai besoin. - Et de quoi as-tu besoin ? (…) - J’ai besoin de lien, dit-elle. Du vrai lien. Le corps et l’esprit, et pendant toutes les années de ma vie. Rien d’autre. Rien de moins. » (p. 188-189)

Sur être soi

Il arrive un moment, quand on a dans les vingt ans, répondit Bedap, ou l'on doit choisir si on va être comme tout le monde pendant le reste de sa vie, ou si l'on doit cultiver ses particularités.

❌Allez une critique: Je dirais que cette extraordinaire écrivaine ne connaissait pas le réel développement des enfants de 0 à 6 ans et les effets de l'hospitalisme même si les parents pouvaient venir dès qu'ils le souhaitent.

jeudi 2 janvier 2020

Kindness explained to kids

Books are a great support for a variety of reasons: transmit values or messages, respond to a theme that interests them and discuss life situations.

I’ve always loved books and thanks to my daughters I’ve discovered a passion for children’s books.

Since they’re small I try to show them and pass on to them the fact that doing good around you, helping others is very important and valuable. Recently, I found a book that illustrates perfectly this concept. 


Through beautiful & colorful illustrations and simple words, this soothing book explains to children how easy and rewarding it is to show kindness, gratitude & love on a daily basis.
























This heartwarming book encourages positive behavior by using the concept of an invisible bucket. It also explains that it’s possible to fill or dip into our own buckets.






























This guide to daily happiness, though, is not just for kids. We all need reminders of the benefits of positive thinking and positive behavior. It’s an important lesson to teach and remind us all, from time to time, that showing kindness and appreciation of others goes a long way to making this world a happier place for everyone, including ourselves.