mardi 29 octobre 2019

La continence



Cet article est tiré de la conférence de Rebecca Redford et Patricia Spinelli (éducatrice Montessori) concernant la continence

Ce que l’on appelle communément « l’acquisition de la propreté », par habitude et par facilité, est en réalité l’acquisition du contrôle des sphincters. Les sphincters sont les muscles qui permettent d’ouvrir et fermer la vessie et l’anus. Cette acquisition psychomotrice, comme les autres acquisitions motrices du jeune enfant, dépend essentiellement de la maturation neurologique et psychique. L’enfant doit être prêt dans son corps et sa tête. C’est donc un processus naturel et spontané, et non pas un apprentissage. Un réel contrôle sphinctérien est acquis lorsque l’enfant peut être attentif à ses sensations internes, savoir les analyser et donc savoir et décider quand il lui est nécessaire d’aller aux toilettes (et pas seulement quand l’adulte le lui dit.) Il s’agit d’ailleurs d’un besoin physiologique et non d’une envie, comme on le dit communément.

La continence d'un point de vue neurologique :  Jusqu'à 6 mois, l'expulsion des matières fécales dépend d'un système réflexe. La maîtrise du sphincter anal se fait entre 2 ans et 2 ans et demi. Maria Montessori considérait que seule une certaine acquisition neurologique dans le mouvement volontaire permettait à l’enfant de contrôler ses sphincters. L'enfant est prêt à devenir continent quand il est capable de relever un certain nombre de défis psychomoteurs de manière autonome :
·         monter et descendre un escalier debout, en alternant les jambes
·         taper du pied dans un ballon, dans une direction définie
·         transporter un seau rempli d'eau, d'un endroit à un autre, et se relever rapidement lorsqu'il tombe.
Ces signes montrent une maturation des sphincters et aussi une certaine confiance en soi. Toutefois, ces signes ne sont fournis qu’à titre indicatif, en aucun cas nous allons « entraîner » les enfants à réaliser ces actions.

La continence d'un point de vue psychologique : Être capable d'être continent, c'est accepter d'éliminer une partie de son corps tout en ayant le sentiment que son corps conserve son intégrité. En effet, dès les premières minutes de sa vie, l’enfant va porter une couche. Celle-ci devient quasiment une partie intégrante de son schéma corporel. Il convient donc de prendre en compte la difficulté suivante : la décision des parents d’enlever la couche  peut être vécue très violemment par l’enfant. D'un point de vue psychologique, l'enfant doit aussi avoir le désir d'être propre car c'est une étape importante de l'indépendance.

Au niveau social et culturel :  L'étape de la continence apporte des nouvelles pratiques et de nouvelles compréhensions du monde. Il existe des lieux spécifiques pour faire ses besoins. Dans nos sociétés occidentales, il s’agit d’un lieu fermé où l'adulte se rend seul. De fait, il est préférable de ne pas poser le pot au milieu du salon mais plutôt de l’installer dans une salle de bain ou dans les toilettes.

L'enjeu des couches : Dés leur plus jeune âge, les enfants perçoivent « qu'il se passe quelque chose dans leur corps » et que ce « quelque chose » a des conséquences (quand il urine, la couche se mouille). Or actuellement, les couches sont tellement absorbantes qu'il arrive que l'enfant ne sente même pas l’humidité.
De plus en plus de parents proposent des couches en tissus.  Ce type de couche présente des avantages pour l'enfant et pour la société : le coton est une matière naturelle (aucun produit toxique), qui laisse respirer la peau de l'enfant. Elles sont économiques et écologiques. Enfin, elles permettent à l'enfant de prendre conscience de ce qui se passe dans son corps, de cheminer sur le processus d'autonomie et d'indépendance et de s'adapter à l'environnement.


Quelques Conseils et astuces :

- Choix du pot : Certains modèles de pots n’offrent pas une position physiologique correcte à l’enfant. : il est assis avec les jambes formant un angle à 90°, alors que cette position n’est pas du tout naturelle. Elle bloque les matières fécales, en exerçant une pression sur le rectum, les selles peuvent avoir des difficultés à passer. L’élimination se fait moins facilement (le pot Ecopitchoun offre une bonne position).


- créer un coin « propreté » : Nous pouvons mettre à la disposition de l’enfant du matériel propice à cette nouvelle expérimentation : de l’eau, du coton, des gants de toilette. Il pourra aller de lui-même aux toilettes ou sur le pot, et prendre soin de son corps, en se nettoyant par la suite.

- s’approprier son pot : pourquoi ne pas lui proposer de s’approprier son pot, en le personnalisant ?

- Peurs et blocages : Il peut arriver que l'enfant refuse de faire ailleurs que dans sa couche, qu’il pleure après avoir fait dans le pot. Dans ce cas, il ne faut pas insister et lui laisser encore du temps, il faut éviter de le forcer au risque de créer un blocage ou qu’il accepte "pour faire plaisir". L’enfant respecté dans son rythme et dans son intimité, ne grandit pas pour faire plaisir à l’adulte qui le lui demande, mais il prend plaisir à grandir, accompagné par l’adulte

- le mimétisme : Les enfants adorent observer et reproduire exactement les faits et gestes des adultes, alors nous pouvons le laisser nous observer aux toilettes. La société occidentale a rendu cet acte extrêmement pudique, mais il n’en reste pas moins totalement naturel. Nous « voir faire », lui donnera envie de reproduire à l’identique et d’essayer.

- accorder des « incidents » : Il y aura sûrement des petits « incidents » de temps en temps, il faut laisser du temps à l’enfant, être indulgent et le rassurer. C’est grâce à cette confiance gagnée qu’il y arrivera. Le disputer ne servirait à rien, il risquerait de perdre confiance en vous et en lui-même. Il est très important de le féliciter, mais sans pour autant rentrer dans le système des récompenses. Votre enfant doit réussir, non pas pour obtenir la fameuse récompense, mais plutôt par plaisir et par satisfaction personnelle.

- aborder « la continence » grâce aux livres :
Voici quelques exemples : "Allez hop, sur le pot !" Un livre d’Anita Jeramet Sally, Lloyd Jones , "Sur le pot" Un livre de Marianne Borgardt et Maxie Chambliss , "De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête" Un livre de Werner Holzwart , "Caca prout" Un livre de Catherine Dolto et Colline Faure-Poirée 



Roxane