Cet article est tiré de la conférence de Rebecca
Redford et Patricia Spinelli (éducatrice Montessori) concernant la continence
Ce
que l’on appelle communément « l’acquisition de la propreté », par habitude et
par facilité, est en réalité l’acquisition du contrôle des sphincters. Les
sphincters sont les muscles qui permettent d’ouvrir et fermer la vessie et
l’anus. Cette acquisition psychomotrice, comme les autres acquisitions motrices
du jeune enfant, dépend essentiellement de la maturation neurologique et
psychique. L’enfant doit être prêt dans son corps et sa tête. C’est donc un
processus naturel et spontané, et non pas un apprentissage. Un réel contrôle
sphinctérien est acquis lorsque l’enfant peut être attentif à ses sensations
internes, savoir les analyser et donc savoir et décider quand il lui est
nécessaire d’aller aux toilettes (et pas seulement quand l’adulte le lui dit.)
Il s’agit d’ailleurs d’un besoin physiologique et non d’une envie, comme on le
dit communément.
La continence d'un point de vue neurologique : Jusqu'à
6 mois, l'expulsion des matières fécales dépend d'un système réflexe. La
maîtrise du sphincter anal se fait entre 2 ans et 2 ans et demi. Maria
Montessori considérait que seule une certaine acquisition neurologique dans le
mouvement volontaire permettait à l’enfant de contrôler ses sphincters.
L'enfant est prêt à devenir continent quand il est capable de relever un
certain nombre de défis psychomoteurs de manière autonome :
·
monter
et descendre un escalier debout, en alternant les jambes
·
taper
du pied dans un ballon, dans une direction définie
·
transporter
un seau rempli d'eau, d'un endroit à un autre, et se relever rapidement lorsqu'il
tombe.
Ces
signes montrent une maturation des sphincters et aussi une certaine confiance
en soi. Toutefois, ces signes ne sont
fournis qu’à titre indicatif, en aucun cas nous allons « entraîner » les
enfants à réaliser ces actions.
La continence d'un point de vue psychologique : Être capable d'être continent,
c'est accepter d'éliminer une partie de son corps tout en ayant le sentiment
que son corps conserve son intégrité. En effet, dès les premières minutes de sa
vie, l’enfant va porter une couche. Celle-ci devient quasiment une partie intégrante
de son schéma corporel. Il convient donc de prendre en compte la difficulté
suivante : la décision des parents d’enlever la couche peut être vécue très violemment par l’enfant.
D'un point de vue psychologique, l'enfant doit aussi avoir le désir d'être
propre car c'est une étape importante de l'indépendance.
Au niveau social et culturel : L'étape de la continence apporte
des nouvelles pratiques et de nouvelles compréhensions du monde. Il existe des
lieux spécifiques pour faire ses besoins. Dans nos sociétés occidentales, il
s’agit d’un lieu fermé où l'adulte se rend seul. De fait, il est préférable de
ne pas poser le pot au milieu du salon mais plutôt de l’installer dans une
salle de bain ou dans les toilettes.
L'enjeu des couches : Dés leur plus jeune âge, les
enfants perçoivent « qu'il se passe quelque chose dans leur corps »
et que ce « quelque chose » a des conséquences (quand il urine, la
couche se mouille). Or actuellement, les couches sont tellement absorbantes
qu'il arrive que l'enfant ne sente même pas l’humidité.
De plus en plus de parents
proposent des couches en tissus. Ce type
de couche présente des avantages pour l'enfant et pour la société : le coton est
une matière naturelle (aucun produit toxique), qui laisse respirer la peau de
l'enfant. Elles sont économiques et écologiques. Enfin, elles permettent à
l'enfant de prendre conscience de ce qui se passe dans son corps, de cheminer
sur le processus d'autonomie et d'indépendance et de s'adapter à
l'environnement.
Quelques Conseils et
astuces :
- Choix du pot : Certains modèles de pots n’offrent pas une position
physiologique correcte à l’enfant. : il est assis avec les jambes formant
un angle à 90°, alors que cette position n’est pas du tout naturelle. Elle
bloque les matières fécales, en exerçant une pression sur le rectum, les selles
peuvent avoir des difficultés à passer. L’élimination se fait moins facilement
(le pot Ecopitchoun offre une bonne position).
-
créer un coin « propreté » : Nous
pouvons mettre à la disposition de l’enfant du matériel propice à cette
nouvelle expérimentation : de l’eau, du coton, des gants de toilette. Il pourra aller de lui-même aux toilettes ou sur le pot, et prendre
soin de son corps, en se nettoyant par la suite.
-
s’approprier son pot : pourquoi ne pas
lui proposer de s’approprier son pot, en le personnalisant ?
-
Peurs et blocages : Il peut arriver que
l'enfant refuse de faire ailleurs que dans sa couche, qu’il pleure après avoir
fait dans le pot. Dans ce cas, il ne faut pas insister et lui laisser encore du
temps, il faut éviter de le forcer au risque de créer un blocage ou qu’il
accepte "pour faire plaisir". L’enfant respecté dans son rythme et
dans son intimité, ne grandit pas pour faire plaisir à l’adulte qui le lui
demande, mais il prend plaisir à grandir, accompagné par l’adulte
-
le mimétisme : Les enfants adorent
observer et reproduire exactement les faits et gestes des adultes, alors nous
pouvons le laisser nous observer aux toilettes. La société occidentale a rendu
cet acte extrêmement pudique, mais il n’en reste pas moins totalement naturel.
Nous « voir faire », lui donnera envie de reproduire à l’identique et
d’essayer.
-
accorder des « incidents » : Il y
aura sûrement des petits « incidents » de temps en temps, il faut laisser du
temps à l’enfant, être indulgent et le rassurer. C’est grâce à cette confiance
gagnée qu’il y arrivera. Le disputer ne servirait à rien, il risquerait de
perdre confiance en vous et en lui-même. Il est très important de le féliciter,
mais sans pour autant rentrer dans le système des récompenses. Votre enfant
doit réussir, non pas pour obtenir la fameuse récompense, mais plutôt par
plaisir et par satisfaction personnelle.
- aborder « la continence » grâce aux livres :
Voici quelques exemples : "Allez hop, sur le pot !" Un livre
d’Anita Jeramet Sally, Lloyd Jones , "Sur
le pot" Un livre de Marianne Borgardt et Maxie Chambliss , "De la petite taupe qui voulait savoir
qui lui avait fait sur la tête"
Un livre de Werner Holzwart , "Caca
prout" Un livre de Catherine Dolto et Colline Faure-Poirée
Roxane
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