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lundi 3 avril 2023

Les dépossédés-Ursula Le Guin- Puis je renaitre sur Anarres!

Il y a quelques jours encore, je ne la connaissais pas mais c'est l'une de mes plus belle découverte. Un livre que de mon point de vue nous devrions tous avoir lu. Ecrit en 1974 et criant d'actualité. 




Comme souvent, chez Ursula Le Guin, l’œuvre repose sur un voyage d’une culture vers une autre, très différente l’une de l’autre. Les Dépossédés nous présente une dualité de ce type : deux planètes jumelles mais profondément opposées. Il y a d’abord Anarres, dont le nom est un bon indice : il s’agit d’une utopie anarchiste, mais surtout d’une utopie ambigüe, car la liberté totale y est contrebalancée par une forte pauvreté et une rudesse de la vie en communauté. En face, Urras, qui n’est autre qu’un temple du capitalisme sous l’égide d’un État centralisateur où le culte du profit oppresse toute individualité.

Sur Anarres, le Dr Shevek, brillant physicien, développe des théories scientifiques de haut vol, combinant tant les mathématiques que des disciplines sociales comme l’éthique. Mais bien que la liberté règne sur Anarres, certains des projets de Shevek dérangent, contrastent avec les opinions majoritaires, se confrontent à une renaissance progressive de contraintes bureaucratiques. Il décide alors d’entreprendre un voyage vers Urras, pour créer des ponts entre les modes de vie, rouvrir le dialogue, et diffuser plus largement ses hypothèses scientifiques.

Voici quelques citations:

Sur l'école:

"Il fut épouvanté par le système des examens, quand on le lui expliqua ; il ne pouvait pas imaginer de plus grand obstacle au désir naturel d'apprendre que cette façon de se gaver d'informations pour les dégorger à la demande. Au début, il refusa de faire passer des tests et des examens, mais cela ennuya tellement les administrateurs de l'Université qu'il finit par accepter, ne voulant pas se montrer discourtois envers ses hôtes. Il demanda à ses étudiants d'écrire un essai sur la question de physique qui les intéressait le plus et leur dit qu'il leur donnerait à tous la plus haute note, afin que les bureaucrates aient quelque chose à mettre sur leurs formulaires et leurs listes. A sa grande surprise, un bon nombre d'étudiants vint le voir pour se plaindre de cette méthode. Ils voulaient qu'il leur donne des problèmes, qu'il les interroge ; ils ne voulaient pas penser eux-mêmes à des questions, mais écrire les réponses qu'ils avaient apprises. Et certains d'entre eux s'élevaient vivement contre le fait d'attribuer la même note à tous. Comment les bons étudiants pourraient-ils être distingués des paresseux ? A quoi bon travailler avec application ? Si aucune distinction compétitive n'était faite, autant se tourner les pouces."

(chap. V)

Sur les centres commerciaux:

"Cette expérience lui avait été si pénible qu'il essaya de l'oublier le plus vite possible, mais pendant plusieurs mois il continua à en rêver, à faire des cauchemars. Le Boulevard Saemtenevia faisait trois kilomètres de long, et c'était une masse solide de gens, d'échanges, de choses: des choses à vendre et à acheter. Des manteaux, des robes, des tuniques, des jupes, des pantalons, des culottes, des chemises, des corsages, des chapeaux, des chaussures, des bas, des écharpes, des châles, des vestes, des capes, des parapluies, des habits à porter en dormant, en nageant, en jouant à certains jeux, pour une réception dans l'après-midi, pour une soirée, pour une réception à la campagne, en voyageant, en allant au théâtre, en montant à cheval, en jardinant, en recevant des invités, en faisant du bateau, en mangeant, en chassant... tous différents, tous dans des centaines de coupes, de styles, de couleurs, de tissus différents. Des parfums, des montres, des lampes, des statuettes, des cosmétiques, des chandelles, des photos, des caméras, des jeux, des vases, des canapés, des bouilloires, des jeux de patience, des oreillers, des poupées, des passoires, des coussins, des bijoux, des tapis, des cure-dents, des calendriers, un hochet de bébé en platine avec une poignée en cristal de roche, un appareil électrique pour tailler des crayons, une montre de poignet avec des chiffres en diamant; des figurines et des souvenirs, des plats fins et des agendas, des colifichets, un incroyable bric-à-brac, tout étant soit simplement inutile, soit décoré au point de cacher son utilité; des acres d'objets de luxe, des acres d'excréments. Au premier bloc, Shevek s'était arrêté pour regarder un manteau tacheté à longs poils, l'article placé au centre d'une vitrine scintillante de vêtements et de bijoux. « Ce manteau coûte 8 400 unités ? » avait-il demandé stupéfait, car il avait lu récemment dans un journal que le « salaire de base » était d'environ 2 000 unités par an. « Oh, oui, c'est de la vraie fourrure, c'est très rare maintenant que les animaux sont protégés », avait répondu Pae. « C'est joli, n'est-ce pas ? Les femmes adorent les fourrures », et ils continuèrent leur chemin. Au bout d'un autre bloc, Shevek se sentait particulièrement fatigué. Il ne pouvait plus regarder. Il aurait voulu se cacher les yeux.
Et le plus étrange à propos de cette rue cauchemardesque était qu'aucune des millions de choses qui y étaient à vendre n'était fabriquée là. Elles y étaient seulement vendues. Où se trouvaient les ateliers, les usines, où étaient les fermiers, les artisans, les mineurs, les tisserands, les chimistes, les sculpteurs, les teinturiers, les dessinateurs, les machinistes, où étaient les mains, les gens qui créaient ? Hors de vue, ailleurs. Derrière des murs. Tous les gens, dans toutes les boutiques, étaient soit des acheteurs, soit des vendeurs. Ils n'avaient d'autre relation avec les choses que celle de la possession."

"Je n'étais pas censé m'approcher de la poudre. Je devais être tenu à l'écart de la populace, vivre parmi les universitaires et les riches. Ne pas voir les pauvres. Ne rien voir de laid. Je devais être mis dans un cocon au fond d'une boîte enveloppée dans un papier protégé par un carton d'emballé dans un sac plastique, comme tout ce qu'on trouve ici."

Comparaison entre Anarres et peut importe le nom

"- Mais parlez-nous d’Anarres, dit Vea. Comment est-ce réellement ? Est-ce vraiment si merveilleux là-haut ?

Il était assis sur le bras du fauteuil, et Vea était installée sur un coussin, à ses genoux, droite et souple, ses seins délicats le fixant de leurs pointes aveugles, souriante, contente, rougissante.
Quelque chose de sombre se mit à tourner dans l’esprit de Shevek, obscurcissant tout. Sa bouche était sèche. Il vida le verre que le serviteur venait de lui remplir.

- Je ne sais pas, dit-il ; sa langue était à moitié paralysée. Non. Ce n’est pas merveilleux. C’est un monde laid. Pas comme celui-ci. Sur Anarres, il n’y a que de la poussière et des collines desséchées. Tout est maigre, tout est sec. Et les gens ne sont pas beaux. Ils ont de grosses mains et de grands pieds, comme moi et ce serveur qui est ici. Mais pas de gros ventre. Ils se salissent beaucoup, et prennent leurs bains ensemble, personne ne fait cela ici. Les villes sont ternes, et très petites, elles sont lugubres. Il n’y a pas de palais. La vie est morne, et le travail est dur. On ne peut pas toujours obtenir ce qu’on veut, ni ce dont on a besoin, parce qu’il n’y en a pas assez. Vous autres Urrastis, vous en avez suffisamment. Vous avez assez d’air, assez de pluie, d’herbe, d’océans, de nourriture, de musique, de maisons, d’usines, de machines, de livres, de vêtements, d’histoire. Vous êtes riches, vous possédez. Nous sommes pauvres, il nous manque beaucoup. Vous avez, nous n’avons pas. Tout est beau ici. Sauf les visages. Sur Anarres, rien n’est beau, rien, sauf les visages. Les autres visages, les hommes et les femmes. Nous n’avons que cela, que nous autres. Ici on regarde les bijoux, là-haut, on regarde les yeux. Et dans les yeux, on voit la splendeur, la splendeur de l’esprit humain. Parce que nos hommes et nos femmes sont libres. Et vous les possédants, vous êtes possédés. Vous êtes tous en prison. Chacun est seul, solitaire, avec un tas de choses qu’il possède. Vous vivez en prison, et vous mourrez en prison. C’est tout ce que je peux voir dans vos yeux – le mur, le mur !"

"De la pierre, de l'acier, du verre, des lumières électriques. Pas de visages."



"Il essaya de lire un manuel élémentaire d'économie, mais cela l'ennuya tellement qu'il fut incapable de le terminer; c'était comme écouter quelqu'un faire le récit interminable d'un long rêve stupide. Il ne pouvait pas se forcer à comprendre comment fonctionnaient les banques et le reste, parce que toutes les opérations du capitalisme lui paraissaient aussi dépourvues de sens que les rites d'une religion primitive, aussi barbares, aussi élaborées et aussi inutiles. ..dans les rites des boursiers, où la cupidité, la paresse et la jalousie étaient supposées motiver les actes des hommes, même le terrible devenait banal. "

"Shevek s'arrêta, le col de sa chemise encore sur le nez. Puis il émergea complètement, s'agenouilla et ouvrit la poubelle. Elle était vide.
- Les vêtements sont brûlés ?
- Oh, ceux-là sont des pyjamas bon marché, pour le service... on les met et on les jette, cela coûte moins cher que de les faire nettoyer.
- Cela coûte moins cher, répéta Shevek d'un air méditatif. Il avait prononcé ces mots à la façon d'un paléontologue regardant un fossile, un fossile datant d'au moins une strate."

" Les idées de Kimoe ne semblaient jamais capables d’aller en ligne droite ; elles devaient contourner ceci, éviter cela, et allaient finalement s’écraser contre un mur. Des murs entouraient toutes ses pensées, mais il semblait complètement les ignorer, bien qu’il se cachât sans cesse derrière eux. (p. 2)"

Anarres:




Elle suggérait que la limite naturelle de la taille d'une communauté réside dans sa dépendance envers son arrière-pays immédiat pour son alimentation de base et son énergie, mais elle prévoyait que toutes les communautés soient reliées par un réseau de transports et de communications, afin que les idées et les produits puissent aller là où ils étaient demandés ; l'administration devait travailler avec rapidité et facilité, et aucune communauté ne devait être coupée du réseau d'échange. Mais ce réseau ne devait pas être dirigé de haut en bas. Il ne devait pas y avoir de centre de contrôle, pas de capitale, pas d'établissement d'un mécanisme bureaucratique auto-reproducteur ni d'une tendance dominante des individus cherchant à devenir des capitaines, des patrons, des chefs d'États.
(chap. IV)


"- Si nous étions meilleurs que n'importe quelle société humaine, dit Tirin, alors nous devrions les aider. Mais cela nous est interdit.
- Interdit ? C'est un mot non organique. Qui interdit ? Tu es en train d'extérioriser la fonction intégrante elle-même, déclara Shevek, penché en avant et parlant avec force. L'ordre n'est pas "les ordres". Nous ne quittons pas Anarres parce que nous "sommes" Anarres. Étant Tirin, tu ne peux pas quitter la peau de Tirin. Cela pourrait te plaire d'essayer d'être quelqu'un d'autre pour voir à quoi cela ressemble, seulement tu ne peux pas. Mais tu n'en es pas empêché par la force ? Sommes nous ici retenus de force ? Quelle force - quelles lois, quels gouvernements, quelle police ? Rien de tel. Simplement notre propre être, notre nature d'Odonien. C'est ta nature d'être Tirin, et la mienne d'être Shevek, et notre nature commune est d'être des Odoniens, responsables envers les autres. Et cette responsabilité est notre liberté. L'éviter, ce serait perdre notre liberté.
Aimerais-tu vraiment vivre dans une société où tu n'aurais aucune responsabilité et aucune liberté, aucun choix, seulement la fausse option de l'obéissance à la loi, ou la désobéissance suivie d'un châtiment ?...
...Et qui nous ment à ton avis ? demanda Shevek.
- Qui, frère ? Qui sinon nous mêmes ?
La planète soeur brillait au dessus d'eux, sereine et lumineuse, bel exemple de l'improbabilité du réel."

Ce qu'il ne faut pas oublié (jamais) pour qu'une utopie persiste:

"Vous avez peur de nous là-bas. Vous craignez que nous puissions ramener la révolution, la vieille révolution, la vraie, cette révolution désireuse de justice que vous avez commencée, puis que vous avez abandonnée à mi-chemin. Ici, ils me craignent moins parce qu'ils ont oublié la révolution. Ils ne croient plus en elle. Ils pensent que si les gens possèdent assez de choses ils sont contents de vivre en prison. Mais je ne crois pas à cela. Je veux abattre les murs. Je désire la solidarité, la solidarité humaine."

"J'essaye d'expliquer ce qu'est réellement la fraternité pour moi. Cela commence...cela commence par le partage de la souffrance."

"C'est notre souffrance qui nous réunit. Ce n'est pas l'amour. L'amour n'obéit pas à l'esprit, et se transforme en haine quand on le force. Le lien qui nous attache est au-delà du choix. Nous sommes frères. Nous sommes frères dans ce que nous partageons. Dans la douleur, que chacun d'entre nous doit supporter seul, dans la faim, dans la pauvreté, dans l'espoir, nous connaissons notre fraternité. Nous la connaissons, parce que nous avons dû l'apprendre. Nous savons qu'il n'y a pas d'autre aide pour nous que l'aide mutuelle, qu'aucune main ne nous sauvera si nous ne tendons pas la main nous-mêmes. Et la main que vous tendez est vide, comme la mienne. Vous n'avez rien. Vous ne possédez rien. Vous êtes libre. Vous n'avez que ce que vous êtes, et ce que vous donnez. Je suis ici parce que vous voyez en moi la promesse que nous avons faite il y a deux cents ans dans cette ville - la promesse tenue. Car nous l'avons tenue, sur Anarres. Nous n'avons que notre liberté. Nous n'avons rien à vous donner que votre propre liberté. Nous n'avons comme loi que le principe de l'aide mutuelle entre individus. Nous n'avons comme gouvernement que le principe de l'association libre. Nous n'avons pas d'états, pas de nations, pas de présidents, pas de dirigeants, pas de chefs, pas de généraux, pas de patrons, pas de banquiers, pas de seigneurs, pas de salaires, pas d'aumônes, pas de police, pas de soldats, pas de guerres. Et nous avons peu d'autres choses. Nous partageons, nous ne possédons pas. Nous ne sommes pas prospères. Aucun d'entre nous n'est riche. Aucun d'entre nous n'est puissant. Si c'est Anarres que vous voulez, si c'est vers le futur que vous vous tournez, alors je vous dis qu'il faut aller vers lui les mains vides. Vous devez y aller seuls, et nus, comme l'enfant qui vient au monde, rien posséder, dont la vie dépend entièrement des autres gens. Vous ne pouvez pas prendre ce que vous n'avez pas donné, et c'est vous-même que vous devez donner. Vous ne pouvez pas acheter la Révolution. Vous ne pouvez pas faire la Révolution. Vous pouvez seulement être la Révolution. Elle est dans votre esprit, ou bien elle n'est nulle part."

"Si on considère [la Révolution] comme ayant une fin, elle ne commencera jamais réellement."

"Tout le monde est révolutionnaire sur Anarres"

"La solidarité, oui ! Mais nous avons trahi cet espoir. Nous avons laissé la coopération se transformer en obéissance. Sur Urras, ils sont gouvernés par la minorité. Ici, nous sommes gouvernés par la majorité. Mais c'est un gouvernement ! La conscience sociale n'est plus une chose vivante, mais une machine, une machine de pouvoir, contrôlée par des bureaucrates !"

« Où veux-tu en venir ? grommela Takver, s’enfonçant plus profondément sous la couverture. — Eh bien, à ceci. Que nous avons honte de dire que nous avons refusé un poste. Que la conscience sociale domine complètement la conscience individuelle, au lieu d’être en équilibre avec elle. Nous ne coopérons pas – nous obéissons. Nous craignons d’être proscrits, d’être traités de paresseux, de dysfonctionnels, d’égotistes. Nous craignons l’opinion de notre voisin plus que nous ne respectons notre liberté de choix. Tu ne me crois pas, Tak, mais essaie, essaie seulement de t’écarter de toi, juste en imagination, et regarde comment tu te sens. Tu te rends compte alors de ce qu’est Tirin, et pourquoi c’est une épave, un esprit perdu. C’est un criminel ! Nous avons créé le crime, tout comme les propriétaires. Nous forçons un homme hors de la sphère de notre approbation, et ensuite nous le condamnons pour cela. Nous avons fait des lois, des lois de comportement conventionnel, nous avons construit des murs tout autour de nous-mêmes, et nous ne pouvons pas les voir, parce qu’ils font partie de notre pensée. Tir n’a jamais fait cela. Je le connaissais depuis que nous avions dix ans. Il n’a jamais fait cela, il n’a jamais pu construire de murs. C’était un rebelle naturel. Un Odonien naturel – un vrai ! C’était un homme libre, et le reste d’entre nous, ses frères, nous l’avons poussé à la folie en punition de son premier acte libre. » (Takver et Shevek, p. 334)"

"Il était facile de partager quand il y avait assez pour toute la table, même juste assez. Mais quand il n'y avait pas suffisamment ? Alors la force intervenait ; la force qui faisait le droit ; le pouvoir, et son outil, la violence, et son plus fidèle allié, le regard qu'on détourne."

Il avait le droit de prendre une compensation pour ce qu'il avait manqué, mais il ne voulait pas l'expliquer. L'existence est sa propre justification, le besoin est le droit.

"Pour lui, la pensée ne devait pas nier une réalité au profit d'une autre, mais les inclure et les relier. Ce n'était pas facile."

"Comme tous les murs, il était ambigu, avec ses deux côtés. Ce qui se trouvait à l'intérieur et ce qui était à l'extérieur dépendait du côté du mur d'où l'on regardait."

On ne peut pas briser les idées en les réprimant. On ne peut les briser qu'en les ignorant. En refusant de penser, refusant de changer.



Sur la Terre ( écrit en 1974!) : 
"Ma planète, ma Terre, est une ruine. Une planète gaspillée par la race humaine. Nous nous sommes multipliés, et gobergés et nous nous sommes battus jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, et ensuite nous sommes morts. Nous n'avons contrôlé ni notre appétit, ni notre violence: nous ne nous sommes pas adaptés. Nous nous sommes détruits nous-mêmes. Mais nous avons d'abord détruit la planète."


Sur la beauté de la vie:

« Pourquoi paraît-elle si belle ? Dit Takver (…) Alors que nous savons que ce n’est qu’une planète comme celle-ci, ajouta-t-elle, avec seulement un meilleur climat et des gens pires – alors que nous savons que ce sont tous des propriétaires, qu’ils font la guerre, et des lois, et que certains mangent pendant que d’autres meurent de faim, et que cependant ils vieillissent tous et ont des problèmes et des rhumatismes dans les genoux et des cors aux pieds tout comme les gens d’ici… alors que nous savons tout cela, pourquoi paraît-elle si heureuse – comme si la vie là-haut devait être heureuse ? (…) - Si tu peux voir une chose entière, dit-il, elle semble toujours belle. Mais de près, un monde n’est formé que de rocs et de poussière. Et au jour le jour, la vie est dure, on se fatigue, on perd de vue le modèle. On a besoin d’éloignement, d’un intervalle. Le moyen de voir comme la vie est belle, c’est de la voir depuis la position avantageuse qu’est la mort. "(p. 198-199)

Sur l'amour:
« Qu’est-ce qui te gêne dans le plaisir, Takver ? Pourquoi n’en veux-tu pas ? - Il n’y a rien qui me gêne. Et je désire le plaisir. Seulement je n’en ai pas besoin. Et si je prenais ce dont je n’ai pas besoin, je n’obtiendrais jamais ce dont j’ai besoin. - Et de quoi as-tu besoin ? (…) - J’ai besoin de lien, dit-elle. Du vrai lien. Le corps et l’esprit, et pendant toutes les années de ma vie. Rien d’autre. Rien de moins. » (p. 188-189)

Sur être soi

Il arrive un moment, quand on a dans les vingt ans, répondit Bedap, ou l'on doit choisir si on va être comme tout le monde pendant le reste de sa vie, ou si l'on doit cultiver ses particularités.

❌Allez une critique: Je dirais que cette extraordinaire écrivaine ne connaissait pas le réel développement des enfants de 0 à 6 ans et les effets de l'hospitalisme même si les parents pouvaient venir dès qu'ils le souhaitent.

dimanche 9 septembre 2018

L'appel de l'ange- Musso


Un téléphone portable?

Au début, vous n'en voyiez pas vraiment l'utilité, mais pour ne pas paraitre dépassée, vous vous êtes laissé tenter par un modèle très simple avec un forfait basique. Les premiers temps, vous vous êtes parfois surprise à bavarder un peu fort, au restaurant, dans le train ou à la terrasse des cafés. C'est vrai que c'était pratique et rassurant d'avoir toujours la famille et les amis à porter de voix.

Comme tout monde, vous avez appris à rédiger des SMS en tapant sur un clavier minuscule et vous vous êtes habituée à en envoyer à tour de bras. Comme tout le monde, vous avez renoncé à votre agenda pour le remplacer par la version éléctronique. Avec application, vous avez saisi dans le répertoire les numéros de vos connaissances, de votre famille de votre amant. Voys y avez camouflé ceux de vos ex ainsi que le code de votre carte bleue qu'il vous arrive d'oublier.

Même s'il prenait des clichés de piètre qualité, vous avez utilisé l'appareil de votre portable. C'était sympa d'avoir toujours sur soi une photo rigolote à montrer aux collègues. D'ailleurs tout le monde faisait pareil. L'objet collait à l'époque: les cloisons s'effaçaient entre vie intime, vie professionnelle et vie sociale. Surtout, le quotidien était devenu plus urgent, plus flexible, nécessitant en permanence de jongler avec votre emploi du temps.

Récemment, vous avez changé votre vieil appareil contre un modèle plus perfectionné: une petite merveille vous permettant d'avoir accès à vos mails, de naviguer sur Internet et d'y télécharger des centaines d'applications.

C'est là que vous êtes devenue accro. Comme greffé à votre corps, votre mobile est désormais un prolongement de vous-même qui vous accompagne jusque dans votre salle de bains ou vos toilettes. Où que vous soyez, vous laissez rarement passer plus d'une demie-heure sans regarder votre écran, guettant un appel resté en absence, un message intime ou amical. Et si votre boite mail est vide, vous cliquez pour vérifier que aucun courrier est en attente.

Comme le doudou de votre enfance, votre téléphone vous rassure. Son écran est doux, apaisant, hypnotique. Il vous donne une contenance dans toutes les situations et vous offre une facilité de contact immédiat qui laisse ouverts tous les possibles...

Mais....

dimanche 22 avril 2018

Article: La liberté scolaire est défendue par la Constitution et les traités d'Adeline le Gouvello

Article très intéressant, lu sur ce  blog .

« La liberté scolaire est défendue par la Constitution et les traités ! »Homework by Alan Wat(CC BY 2.0)

L’État, loin de méditer sur le succès des écoles hors contrat, préfère faire obstacle, par principe, à la création d’établissements scolaires.
La proposition de loi de la Sénatrice Françoise Gatel revient en deuxième lecture au Sénat. Ce texte vise à limiter les créations d’écoles indépendantes, dites aussi « hors contrat » en durcissant les conditions de leur ouverture.
Il est vrai que le phénomène de ces écoles alternatives ne pouvait plus être ignoré. 122 ouvertures pour 2017 (84% de ces établissements étant aconfessionnels), contre 93 en 2016, 67 en 2015 : il y avait de quoi susciter la réflexion.
Cependant, face à un succès qui ne dément pas, l’État, loin de méditer sur les raisons profondes qui poussent des acteurs de la société civile à se lancer dans une entreprise pourtant longue, coûteuse et difficile, préfère couper court à ce phénomène agaçant : l’appareil étatique s’est ainsi mis « en marche » pour faire obstacle, par principe, à la création d’établissements scolaires.

UNE LIMITATION CONTRAIRE AUX PRINCIPES FONDAMENTAUX

La ministre de l’Éducation nationale précédente, Najat Vallaud Belkacem, s’y est d’abord cassé les dents l’année dernière : le texte a été retoqué devant le Conseil Constitutionnel considérant qu’il constituait un risque d’atteinte à la liberté de l’enseignement. Sorti par la porte, le projet revient par la fenêtre sous l’égide d’un membre du Parlement.
Pourtant, le législateur, tout auteur de la Loi qu’il est, reste soumis à des principes qui lui sont supérieurs : la loi est inscrite dans une hiérarchie des normes avec au-dessus d’elle les Conventions Internationales et au sommet la Constitution.
Le principe à valeur constitutionnelle de la liberté de l’enseignement se trouve largement écorné par une telle proposition de restriction de ladite liberté. D’ores et déjà, le texte se heurtera à cette difficulté.
Mais en outre, les dispositions internationales, notamment celles relatives aux droits de l’enfant, entrent en contradiction directe avec cette proposition.

LA PLACE PREMIÈRE DES PARENTS CONVENTIONNELLEMENT RECONNUE

La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), texte ratifié par le plus grand nombre d’États, dont la France, prévoit plusieurs dispositions relatives à l’éducation et au développement de l’enfant.
Dans un premier temps, ses articles 18 et 27 énoncent que
c’est aux parents ou aux autres personnes ayant la charge de l’enfant qu’incombe au premier chef  la responsabilité d’assurer, dans les limites de leurs possibilités et de leurs moyens financiers, les conditions de vie nécessaires au développement de l’enfant,
rejoignant ainsi d’autres dispositions internationales, notamment la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (« Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants » art. 26-3) et le protocole additionnel de la Convention Européenne des droits de l’homme (art. 2).
La place des parents, premiers éducateurs de leurs enfants, est donc expressément reconnue. De là découle la responsabilité de poser les choix pour faire grandir leurs enfants vers ce qui leur semble le meilleur. Chaque parent a forcément des attentes et des choix différents et de multiples façons de considérer quel chemin sera le mieux adapté à son enfant pour « développer sa personnalité »« sa formation » (art. 1 du code de l’éducation).

UNE OBLIGATION POUR LES ÉTATS DE GARANTIR UN ACCÈS À L’INSTRUCTION

C’est ainsi à côté de la place première reconnue aux parents, et seulement en second lieu, qu’intervient l’État qui doit alors aider les parents dans leur charge d’éducateur (CIDE, art. 27-3) en rendant « l’enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous » (CIDE, art. 28-1 a) et l’enseignement secondaire accessible à tout enfant, gratuit ou avec une aide financière en cas de besoin (CIDE, art. 28-1 b).

DROIT À L’ÉDUCATION : PAS UNE EXCLUSIVITÉ DE L’ÉTAT

Est-ce à dire qu’au regard de la CIDE, cette aide apportée par l’État est exclusive et qu’en dehors des établissements créés et promus par lui, l’enfant ne pourrait voir son droit à l’éducation garanti ? Nullement, et le texte prend soin de le spécifier expressément en son article 29-2 :
Aucune disposition du présent article ou de l’article 28 ne sera interprétée d’une manière qui porte atteinte à la liberté des personnes physiques ou morales de créer et de diriger des établissements d’enseignement, à condition que les principes énoncés au paragraphe 1 du présent article soient respectés et que l’éducation dispensée dans ces établissements soit conforme aux normes minimales que l’État aura prescrites.

UN DROIT GARANTI PAR LA DIVERSITÉ DES OFFRES ÉDUCATIVES

Si la Convention prend soin d’affirmer expressément la liberté de création des écoles, c’est précisément parce qu’elle est une garantie de l’effectivité du droit à l’éducation dont bénéficie l’enfant. Elle rappelle en effet que le contenu de ce droit consiste notamment dans le fait de « favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités ».
Peut-on sérieusement penser qu’un schéma unique d’école permettra à chaque enfant d’épanouir sa personnalité et ses talents ? On sait pertinemment que certains enfants sont mieux adaptés à une pédagogie qu’à une autre, que des petits effectifs favoriseront l’éclosion de la personnalité de certains quand d’autres auront besoin d’être particulièrement stimulés…
Le foisonnement et la multiplicité des propositions, qui par des chemins différents amènent à un même but, est donc la garantie d’un droit à l’éducation effectif, quand l’uniformisation et la standardisation, sans même parler des échecs actuels du système à bien des égards, le videront de toute substance.
Les chiffres témoignent de la diversité des offres, la tendance générale étant en faveur des écoles Montessori (28%), talonnées de près par les écoles démocratiques (23%), les pédagogies classiques regroupant 18%, et 30% de toutes ces écoles offrant un parcours bilingue.
On est bien loin du prétendu risque agité par la sénatrice qui ne cite d’ailleurs en tout et pour tout que deux écoles coraniques, et auquel l’État a déjà les moyens de remédier si les problèmes sont avérés.

UN DROIT DÉJÀ ENCADRÉ

La limite à cette liberté de créer des établissements scolaires est en effet posée par le respect de normes minimales édictées par l’État (CIDE, art 29-2). C’est exactement ce que prévoit le régime légal actuel puisque les écoles indépendantes sont dans l’obligation de respecter le socle commun des connaissances (art. L 111 du code de l’éducation), étant soumises comme les autres aux inspections de l’Académie, et au respect de l’ordre public, des bonnes mœurs, sous peine d’opposition du maire ou du Procureur de la République à leur ouverture.
Les pouvoirs publics ont donc d’ores et déjà les moyens légaux nécessaires de contrôler ce qui se crée dans le respect de la liberté et des droits garantis aux parents et aux enfants. Si « faillite éducative » il y avait, l’État a actuellement les moyens d’y remédier. Ce n’est donc pas l’éventuelle non-application des conditions par les établissements indépendants qui est en question : globalement, ces écoles ont au contraire un bon niveau, permettant aux enfants, à l’aide de pédagogies très diverses d’acquérir des bases solides.
Le préambule de la présente proposition de loi laisse entendre en revanche la raison réelle qui justifie les obstacles à la création qu’elle souhaite imposer : rappelant le nombre exponentiel d’ouvertures, elle indique que
le régime d’ouverture, tel qu’il existe aujourd’hui, n’est pas satisfaisant tant par la complexité de la procédure, le sentiment de faits accomplis dans lequel il place élus locaux et services de l’État, que par les leviers d’actions trop limités qu’il offre.
Ainsi se pose la question de savoir si le ressort véritable d’une telle proposition n’est pas la contrariété de voir s’exercer la liberté des parents qui se dirigent vers des propositions éducatives autres que celles de l’État.
Ce dernier ne s’attacherait alors plus à la prise en compte première de l’enfant et de la qualité des propositions éducatives mais imposerait une restriction des libertés contraire aux droits conventionnellement reconnus à l’enfant. « La raison du plus fort serait-elle toujours la meilleure? L’État va-t-il nous le montrer tout à l’heure ? »
Gageons que le respect des principes permettra aux institutions de reprendre leurs esprits. Si en effet le Sénat ne montre pas le « bon exemple » en respectant la hiérarchie des normes, comment pourra-t-il prétendre ensuite au respect des lois qu’il édicte alors qu’il passe outre les normes auxquelles il était lui-même soumis ?
  1.   Adeline Le Gouvello est avocate, spécialisée dans les droits de la propriété intellectuelle et le secteur de l’enfance. ↩

mardi 29 juillet 2014

L'éducation et la paix

Formation oblige, je me replonge dans les livres de Maria Montessori.

L'éducation et la paix envoie un message fort : l'éducation basé sur la compétition, sur l'éviction du plus faible ne créera pas des adultes en paix et donc une société en paix. Mes parents ont eu une chance extraordinaire que personne avant eu n'avait eu: la chance de vivre  toute une vie sans guerre. J'espère que moi et ma fille auront la même chance....

Voici une partie de la préface écrite par Pierre Calame




Le dernier paragraphe me touche tout particulièrement.

Ne disons nous pas: " Ne faisons pas à autrui ce que nous ne voudrions pas qu'il nous fasse!"
Autrui ne devrait-il pas avoir un sens large et signifier tout être vivant?

samedi 7 juin 2014

De l'enfant à l'adolescent de Maria Montessori

Qu'est-ce qu'un enfant du primaire?



Lors de ma première semaine de formation, j'ai fait une découverte: Il ne faut pas aborder l'enfant du primaire de la même manière que l'enfant de la maison des enfants car ce n'est plus du tout le même. Pour enseigner, il faut se baser sur les points forts de l'enfant qui est dans cette période de vie.

Jeanne Françoise à écrit la préface du livre.

L’enfant du primaire a besoin d’aides spécifiques : un milieu ouvert, un contact vrai, réel avec la culture à laquelle il cherche à accéder, et, également, les moyens de l’expérience.  Il a aussi besoin de la vision du tout, de l’ensemble, pour savoir vers quoi il va, en quel monde il s’inscrit. Mais pour accéder à cet ensemble qui le fascine, il a besoin de passer par le détail, pris comme moyen de compréhension du tout. Jeanne Françoise Hutin, p8

Ainsi quand nous considérons l’étude des êtres vivants, l’important est d’en établir d’abord la classification. MM, p 52

Tout est étroitement lié sur cette planète, et l’on constate que chaque science n’étudie que les détails d’une connaissance totale. MM p53

Maria Montessori explique ici l’éducation cosmique qui répond au besoin de l’enfant de cet âge, c'est-à-dire le besoin de connaître la culture dans laquelle il vit. Il a envie de tout savoir! Bien sûr, cela est impossible. L’important, pour l'éducateur, étant de semer des graines dans chaque domaine de culture. L'éducation cosmique comme vous le voyez n'a rien de religieux ou spirituel, c'est juste le nom donné par Maria Montessori pour décrire la vision d'ensemble de son programme. Le mot d'ordre a été donné: Il faut partir du tout pour ensuite voir le détail. Exactement l'inverse de ce qui se fait dans l'école traditionnelle qui commence par l'école, puis la ville ou qui commence par les règles d'orthographe plutôt que de donner l'envie d'écrire. C'est quelque chose que l'on arrive à observer assez facilement, cette envie de l'enfant de comprendre l'espace, les planètes ou l'Histoire car cela l'aide à se situer dans la culture où il vit. 

Le fondement de ce projet : aider chaque enfant à se développer, en valorisant ses potentialités, en suivant au plus près et autant que possible l’ensemble des besoins de la croissance et de la vie, et en essayant d’y répondre. Il ne s’agit plus dans une telle perspective, d’amener l’enfant à tel ou tel niveau de savoir-faire ou de connaissance, mais de mettre en œuvre toutes nos capacités pour aider l’enfant à conquérir « son plus haut niveau. » Cela exige de l’éducateur, qu’il sache, non plus seulement enseigner, mais éveiller l’intérêt, la capacité d’émerveillement, la réflexion. Jeanne Françoise Hutin, p10-11

Chaque école Montessori s’est donnée pour objectif d’aider tout enfant à devenir « citoyen du monde » au travers de la culture de son pays. Jeanne Françoise Hutin, p11

Maria Montessori commence par réexpliquer les 4 plans de développement.

On pourrait comparer ces âges différents aux métamorphoses des insectes, MM, p15

Il y a d’abord, l’insecte puis la chrysalide et enfin le papillon. C’est le même animal qui réalise de véritables transformations. Pour l’enfant, c’est la même chose mais ce n’est pas que  physique (perte des dents de lait, augmentation de la taille), c’est aussi psychologique. « Physica stamina » est l’une des caractéristiques de l’enfant du second plan.

Les principes qui s’appliquent utilement à toute la première période ne sont pas les mêmes que ceux qui doivent s’appliquer à la deuxième.

P 19, MM explique l’importance de petites sorties, de sortir de la classe qui ne suffit plus à l’enfant du primaire, lui qui veut tout comprendre.

C’est bien pour se soustraire de ce vase clos qu’il ne va plus volontiers à l’école. MM, p21.

Considérer l’école comme l’endroit où l’on débite l’instruction, c’est un point de vue ; mais considérer l’école comme une préparation à la vie, c’en est un autre. Et dans ce dernier cas, l’école doit satisfaire à tous les besoins de la vie. MM, p23.

Que la maîtresse ne perde pas de vue que le but poursuivi n’est pas le but immédiat de la promenade (la petite sortie) mais que son but réel est de rendre capable l’être spirituel, qu’elle éduque, de trouver sa route tout seul. MM, p 35

Si nous avions, pour la deuxième période, la même conception que pour la précédente, il nous faudrait laisser sortir l’enfant, aller où il voudrait ; tout d’abord, il se perdrait.

Précédemment, la maîtresse parfaite était celle qui, s’effaçant, laisser agir l’enfant. Le même procédé ne serait plus applicable maintenant. Car maintenant, l’enfant vit deux existences parallèles : son existence au foyer et son existence dans la société. C’est là un fait nouveau. MM, p 39.
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Une autre caractéristique de l’enfant du second plan est le passage du sensoriel à labstraction.

Jusqu’à cet âge, ce qui importait à l’enfant, c’était d’établir des rapports entre les objets, c’est-à-dire d’ordonner et d’absorber le monde extérieur au moyen de sens. Il se produit une évolution vers le côté intellectuel et moral. MM, p23.

L’enfant du second plan se préoccupe maintenant de savoir si ce qu’il fait est bien ou mal fait ; c’est devant lui que surgit le grand problème du Bien et du Mal.MM, p24.

Si, dans la première période, la maîtresse devait user d’une grande délicatesse en intervenant le moins possible dans l’activité de l’enfant, c’est sur le plan moral que doit s’orienter maintenant sa délicatesse. MM, p24.
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L’enfant se préoccupe maintenant du comment et du pourquoi. Il ne se contente plus d’accueillir les faits : il cherche à en connaitre les causes. MM p 47

Limagination est devenue un outil qui va l’aider avec son esprit raisonnant à comprendre les mystères du monde qu’il veut tant percer.

Quand on rencontre un fleuve est-il nécessaire de voir tous les fleuves du monde pour savoir ce que c’est ? MM, p 45 Non et cela grâce à l’imagination.

L’essentiel pour lui, c’est de disposer de possibilité d’activités propres, afin de conserver un équilibre entre l’acte et la pensée. Sa pensée aurait, en effet tendance à se perdre dans l’abstraction par des raisonnements sans fin, de même que le petit enfant se perdait dans la fantaisie. MM, p 32.


L’imagination ne devient grande que lorsque l’homme, grâce au courage et à l’effort, s’en sert en vue de quelque création ; autrement, elle ne s’adresse qu’à un esprit vagabondant dans le vide. MM, p49.

Lecture estivale

A un moment de l'année, je suis toujours à court d'idée de lecture. Je demande donc à des amis de me dire quels sont leurs ouvrages préférés.


Dis moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es......Quels sont mes livres préférés?


 Odette tout le monde de Eric-Emmanuel Schmitt




Petit livre qui rend heureux. C'est une bouffée de bonheur! Il se lit rapidement.

Résumé
«Cher monsieur Balsan, Je n’écris jamais car, si j’ai de l’orthographe, je n’ai pas de poésie. Or il me faudrait beaucoup de poésie pour vous raconter l’importance que vous avez pour moi. En fait, je vous dois la vie. Sans vous, je me serais tuée vingt fois.»
Odette Toulemonde.

La vie a tout offert à l’écrivain Balthazar Balsan et rien à Odette Toulemonde. Pourtant, c’est elle qui est heureuse. Lui pas. Leur rencontre fortuite va bouleverser leur existence.
Huit récits, huit femmes, huit histoires d’amour. De la petite vendeuse à la milliardaire implacable, de la trentenaire désabusée à une mystérieuse princesse aux pieds nus en passant par des maris ambigus, des amants lâches et des mères en mal de filles, c’est une galerie de personnages inoubliables qu’Eric-Emmanuel Schmitt poursuit avec tendresse dans leur quête du bonheur.

Wang de Pierre Bordage



Résumé
En l'an 2212, le monde est divisé en deux par le REM : une immense barrière électromagnétique. D'un côté, on trouve les pays occidentaux, à l'origine de la séparation et de l'autre, le reste du monde.

À l'Est, les croisades successives, religieuses ou idéologiques, contre la science ont fait retomber ces pays dans un quasi Moyen Âge. Confort et nourriture sont des denrées rares. Hygiène et médecine sont inexistantes. C'est le règne de la terreur orchestrée par la pègre.

À l'Ouest, la science a poursuivi son évolution : fermes d'organes et contrôle climatique sont des réalités. C'est aujourd'hui un vrai dogme d'État. Les religions sont interdites. Les contacts physiques sont considérés comme rétrogrades. L'amour est désormais virtuel. La soupape de sécurité de cette société ultra (f)rigide : les JU. Une compétition internationale sous forme de guerre uchronique.

Wang, un jeune immigrant chinois qui possède comme seuls alliés "Le Tao de la survie de grand-maman Li" et la foi en ses ancêtres, est enrôlé de force dans l'armée françaisemagnétique. D'un côté, on trouve les pays occidentaux, à l'origine de la séparation et de l'autre, le reste du monde.


Les livres de Torey Hayden


Je suis tombée dessus à l'adolescence et je les ai tous dévorés. J'étais passionnée. C'est l'histoire d'enfants en difficultés. A cette époque, je n'avais aucune idée que je deviendrais éducatrice spécialisée et éducatrice Montessori. 

Résumé
On les appelle " inadaptés " mais pour Torey Hayden, éducatrice passionnée, ce sont aussi des " enfants comme les autres. " Dirkie, l'enfant martyr, est tourmenté par d'étranges obsessions. Mariana dissimule derrière sa précocité sexuelle son trop grand besoin d'amour. La petite Leslie se refuse à communiquer. Géraldine et Shemona, deux orphelines irlandaises, tout comme leur cousin Shamie, ont été traumatisés par l'horreur de la guerre civile. Il y a aussi une " enfant " de plus dans la classe : Ladbrooke Taylor, la mère de Leslie. Riche et belle, elle a sombré dans l'alcoolisme et la dépression. Torey, en la prenant comme assistante, l'aidera à retrouver son équilibre. Chaleureuse, humaine, Torey Hayden sait faire partager sa passion pour ce monde de l'enfance. Et le lecteur découvre, au fil de ce récit alliant l'humour à l'émotion, qu'aimés et compris, ces enfants perturbés peuvent redevenir des " enfants comme les autres "

Le meilleur des mondes de Aldous Huxley, écrit en 1931



Un des premiers livres que j'ai vraiment aimé adolescente. Un livre pour réfléchir à l'avenir.

Résumé
Bienvenue au centre d'incubation et de Conditionnement de Londres-Central. A gauche, les couveuses où l'homme moderne, artificiellement fécondé, attend de rejoindre une société parfaite. A droite: la salle de conditionnement où chaque enfant subit les stimuli qui plus tard feront son bonheur. Miracle technologique: ici commence un monde parfait, biologiquement programmé pour la stabilité éternelle
Dans une réserve du Nouveau Mexique, un homme Sauvage a échappé au programme. Bientôt, il devra choisir: intégrer cette nouvelle condition humaine ou persister dans sa démence...

Dune, la genèse de Kevin Herbert( le fils de Frank Herbert) et Kevin Anderson



Je les trouve beaucoup plus facile à lire que le cycle de Dune de Frank Herbert, plus modernes. J'aime la science fiction, de la même manière que j'aime les séries avec des vampires car cela me permet de m'échapper du quotidien. La liste de choses à faire dans ma tête se tait pendant quelques heures et cela m'apaise. C'est ma façon de me détendre.

Résumé
Dix millénaires avant les événements relatés dans Dune, l'humanité est soumise à la tyrannie des Machines Intelligentes. Celles-ci ont formé un réseau et leur élément le plus puissant, OMNIUS, s'est emparé du pouvoir. Certains humains ont également choisi de greffer leur cerveau sur des machines, devenant des cyborgs. Ils se sont baptisés eux-mêmes les Titans.
Ce sera le déclencheur de la Guerre des Machines, connue plus tard sous le nom de Jihad Butlérien et qui mènera à l'interdiction absolue de la création de machines à l'image de l'intelligence humaine. Humains contre machines, c'est le combat qui donnera naissance aux Grandes Familles et aux Ordres comme le Bene Gesserit ou les Mentats.

Les enfants de la terre de Jean Auel



J'ai trouvé ces livres intéressants car je ne connaissais pas beaucoup la préhistoire et le fait de suivre une héroïne, rend l'Histoire passionnante. Ce serait vraiment intéressant d'appréhender l'Histoire de la même manière à l'école.

Résumé
Il y a 35 000 ans, une longue période glaciaire s'achève et la Terre commence à se réchauffer.Lentement, durant des millénaires, l'homme s'est peu à peu dégagé de la bête et il apparaît à peu près tel qu'il est aujourd'hui. Il connaît l'outil, le feu, le vêtement. Il fabrique des armes pour chasser, aménage des grottes pour s'abriter. Dans le chaos de la nature, il est parvenu à créer un peu d'harmonie.En ces premiers temps du monde, Ayla, une fillette de cinq ans, échappe à un tremblement de terre et se sort des griffes d'un lion pour se réfugier auprès d'un clan étranger. On l'adopte. Très vite, les gestes et les paroles d'Ayla suscitent l'étonnement et l'inquiétude. Car, venant d'une tribu plus évoluée que celle d'adoption, Alya diffère physiquement et psychologiquement : elle s'oppose souvent à leurs coutumes et à leurs règles. Le clan songe donc à la supprimer...


Il y a aussi Bilbo le hobbit que j'ai lu bien avant qu'il soit célèbre. D'ailleurs, je n'ai toujours pas vu le film. J'ai également beaucoup aimé les premiers Harry Potter. Cela me rappelait un film que j'avais adoré petite: L'apprentie sorcière.