lundi 3 avril 2023

Les parents ouvrent une école



Le lieu a été trouvé:


La vallée des Hoyas

contact.aemb77@gmail.com

tel : 06.24.28.32.28

 

adresse : 60A Rue du 27 août 77163 Mortcerf


la nouvelle école ouvrira ses portes début septembre 2023.

 

L’école sera composée de deux classes : 3-6 et 6-12.


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Fermeture de l'école

 FERMETURE DEFINITIVE DE L'ECOLE 

EN JUILLET 2023


Comme chaque année, janvier est le moment de regarder les années écoulées et de faire le point sur l'avenir de l'école.
Après sept ans d'ouverture, il est toujours aussi ardu d'avoir une équipe fiable sur laquelle la direction peut s'appuyer.  L'incompréhension, la répétition des mêmes difficultés, le découragement et la fatigue ont eu malheureusement gain de cause. Subséquemment, nous prenons la difficile décision de fermer l'école à la fin de cette année scolaire. 




Les dépossédés-Ursula Le Guin- Puis je renaitre sur Anarres!

Il y a quelques jours encore, je ne la connaissais pas mais c'est l'une de mes plus belle découverte. Un livre que de mon point de vue nous devrions tous avoir lu. Ecrit en 1974 et criant d'actualité. 




Comme souvent, chez Ursula Le Guin, l’œuvre repose sur un voyage d’une culture vers une autre, très différente l’une de l’autre. Les Dépossédés nous présente une dualité de ce type : deux planètes jumelles mais profondément opposées. Il y a d’abord Anarres, dont le nom est un bon indice : il s’agit d’une utopie anarchiste, mais surtout d’une utopie ambigüe, car la liberté totale y est contrebalancée par une forte pauvreté et une rudesse de la vie en communauté. En face, Urras, qui n’est autre qu’un temple du capitalisme sous l’égide d’un État centralisateur où le culte du profit oppresse toute individualité.

Sur Anarres, le Dr Shevek, brillant physicien, développe des théories scientifiques de haut vol, combinant tant les mathématiques que des disciplines sociales comme l’éthique. Mais bien que la liberté règne sur Anarres, certains des projets de Shevek dérangent, contrastent avec les opinions majoritaires, se confrontent à une renaissance progressive de contraintes bureaucratiques. Il décide alors d’entreprendre un voyage vers Urras, pour créer des ponts entre les modes de vie, rouvrir le dialogue, et diffuser plus largement ses hypothèses scientifiques.

Voici quelques citations:

Sur l'école:

"Il fut épouvanté par le système des examens, quand on le lui expliqua ; il ne pouvait pas imaginer de plus grand obstacle au désir naturel d'apprendre que cette façon de se gaver d'informations pour les dégorger à la demande. Au début, il refusa de faire passer des tests et des examens, mais cela ennuya tellement les administrateurs de l'Université qu'il finit par accepter, ne voulant pas se montrer discourtois envers ses hôtes. Il demanda à ses étudiants d'écrire un essai sur la question de physique qui les intéressait le plus et leur dit qu'il leur donnerait à tous la plus haute note, afin que les bureaucrates aient quelque chose à mettre sur leurs formulaires et leurs listes. A sa grande surprise, un bon nombre d'étudiants vint le voir pour se plaindre de cette méthode. Ils voulaient qu'il leur donne des problèmes, qu'il les interroge ; ils ne voulaient pas penser eux-mêmes à des questions, mais écrire les réponses qu'ils avaient apprises. Et certains d'entre eux s'élevaient vivement contre le fait d'attribuer la même note à tous. Comment les bons étudiants pourraient-ils être distingués des paresseux ? A quoi bon travailler avec application ? Si aucune distinction compétitive n'était faite, autant se tourner les pouces."

(chap. V)

Sur les centres commerciaux:

"Cette expérience lui avait été si pénible qu'il essaya de l'oublier le plus vite possible, mais pendant plusieurs mois il continua à en rêver, à faire des cauchemars. Le Boulevard Saemtenevia faisait trois kilomètres de long, et c'était une masse solide de gens, d'échanges, de choses: des choses à vendre et à acheter. Des manteaux, des robes, des tuniques, des jupes, des pantalons, des culottes, des chemises, des corsages, des chapeaux, des chaussures, des bas, des écharpes, des châles, des vestes, des capes, des parapluies, des habits à porter en dormant, en nageant, en jouant à certains jeux, pour une réception dans l'après-midi, pour une soirée, pour une réception à la campagne, en voyageant, en allant au théâtre, en montant à cheval, en jardinant, en recevant des invités, en faisant du bateau, en mangeant, en chassant... tous différents, tous dans des centaines de coupes, de styles, de couleurs, de tissus différents. Des parfums, des montres, des lampes, des statuettes, des cosmétiques, des chandelles, des photos, des caméras, des jeux, des vases, des canapés, des bouilloires, des jeux de patience, des oreillers, des poupées, des passoires, des coussins, des bijoux, des tapis, des cure-dents, des calendriers, un hochet de bébé en platine avec une poignée en cristal de roche, un appareil électrique pour tailler des crayons, une montre de poignet avec des chiffres en diamant; des figurines et des souvenirs, des plats fins et des agendas, des colifichets, un incroyable bric-à-brac, tout étant soit simplement inutile, soit décoré au point de cacher son utilité; des acres d'objets de luxe, des acres d'excréments. Au premier bloc, Shevek s'était arrêté pour regarder un manteau tacheté à longs poils, l'article placé au centre d'une vitrine scintillante de vêtements et de bijoux. « Ce manteau coûte 8 400 unités ? » avait-il demandé stupéfait, car il avait lu récemment dans un journal que le « salaire de base » était d'environ 2 000 unités par an. « Oh, oui, c'est de la vraie fourrure, c'est très rare maintenant que les animaux sont protégés », avait répondu Pae. « C'est joli, n'est-ce pas ? Les femmes adorent les fourrures », et ils continuèrent leur chemin. Au bout d'un autre bloc, Shevek se sentait particulièrement fatigué. Il ne pouvait plus regarder. Il aurait voulu se cacher les yeux.
Et le plus étrange à propos de cette rue cauchemardesque était qu'aucune des millions de choses qui y étaient à vendre n'était fabriquée là. Elles y étaient seulement vendues. Où se trouvaient les ateliers, les usines, où étaient les fermiers, les artisans, les mineurs, les tisserands, les chimistes, les sculpteurs, les teinturiers, les dessinateurs, les machinistes, où étaient les mains, les gens qui créaient ? Hors de vue, ailleurs. Derrière des murs. Tous les gens, dans toutes les boutiques, étaient soit des acheteurs, soit des vendeurs. Ils n'avaient d'autre relation avec les choses que celle de la possession."

"Je n'étais pas censé m'approcher de la poudre. Je devais être tenu à l'écart de la populace, vivre parmi les universitaires et les riches. Ne pas voir les pauvres. Ne rien voir de laid. Je devais être mis dans un cocon au fond d'une boîte enveloppée dans un papier protégé par un carton d'emballé dans un sac plastique, comme tout ce qu'on trouve ici."

Comparaison entre Anarres et peut importe le nom

"- Mais parlez-nous d’Anarres, dit Vea. Comment est-ce réellement ? Est-ce vraiment si merveilleux là-haut ?

Il était assis sur le bras du fauteuil, et Vea était installée sur un coussin, à ses genoux, droite et souple, ses seins délicats le fixant de leurs pointes aveugles, souriante, contente, rougissante.
Quelque chose de sombre se mit à tourner dans l’esprit de Shevek, obscurcissant tout. Sa bouche était sèche. Il vida le verre que le serviteur venait de lui remplir.

- Je ne sais pas, dit-il ; sa langue était à moitié paralysée. Non. Ce n’est pas merveilleux. C’est un monde laid. Pas comme celui-ci. Sur Anarres, il n’y a que de la poussière et des collines desséchées. Tout est maigre, tout est sec. Et les gens ne sont pas beaux. Ils ont de grosses mains et de grands pieds, comme moi et ce serveur qui est ici. Mais pas de gros ventre. Ils se salissent beaucoup, et prennent leurs bains ensemble, personne ne fait cela ici. Les villes sont ternes, et très petites, elles sont lugubres. Il n’y a pas de palais. La vie est morne, et le travail est dur. On ne peut pas toujours obtenir ce qu’on veut, ni ce dont on a besoin, parce qu’il n’y en a pas assez. Vous autres Urrastis, vous en avez suffisamment. Vous avez assez d’air, assez de pluie, d’herbe, d’océans, de nourriture, de musique, de maisons, d’usines, de machines, de livres, de vêtements, d’histoire. Vous êtes riches, vous possédez. Nous sommes pauvres, il nous manque beaucoup. Vous avez, nous n’avons pas. Tout est beau ici. Sauf les visages. Sur Anarres, rien n’est beau, rien, sauf les visages. Les autres visages, les hommes et les femmes. Nous n’avons que cela, que nous autres. Ici on regarde les bijoux, là-haut, on regarde les yeux. Et dans les yeux, on voit la splendeur, la splendeur de l’esprit humain. Parce que nos hommes et nos femmes sont libres. Et vous les possédants, vous êtes possédés. Vous êtes tous en prison. Chacun est seul, solitaire, avec un tas de choses qu’il possède. Vous vivez en prison, et vous mourrez en prison. C’est tout ce que je peux voir dans vos yeux – le mur, le mur !"

"De la pierre, de l'acier, du verre, des lumières électriques. Pas de visages."



"Il essaya de lire un manuel élémentaire d'économie, mais cela l'ennuya tellement qu'il fut incapable de le terminer; c'était comme écouter quelqu'un faire le récit interminable d'un long rêve stupide. Il ne pouvait pas se forcer à comprendre comment fonctionnaient les banques et le reste, parce que toutes les opérations du capitalisme lui paraissaient aussi dépourvues de sens que les rites d'une religion primitive, aussi barbares, aussi élaborées et aussi inutiles. ..dans les rites des boursiers, où la cupidité, la paresse et la jalousie étaient supposées motiver les actes des hommes, même le terrible devenait banal. "

"Shevek s'arrêta, le col de sa chemise encore sur le nez. Puis il émergea complètement, s'agenouilla et ouvrit la poubelle. Elle était vide.
- Les vêtements sont brûlés ?
- Oh, ceux-là sont des pyjamas bon marché, pour le service... on les met et on les jette, cela coûte moins cher que de les faire nettoyer.
- Cela coûte moins cher, répéta Shevek d'un air méditatif. Il avait prononcé ces mots à la façon d'un paléontologue regardant un fossile, un fossile datant d'au moins une strate."

" Les idées de Kimoe ne semblaient jamais capables d’aller en ligne droite ; elles devaient contourner ceci, éviter cela, et allaient finalement s’écraser contre un mur. Des murs entouraient toutes ses pensées, mais il semblait complètement les ignorer, bien qu’il se cachât sans cesse derrière eux. (p. 2)"

Anarres:




Elle suggérait que la limite naturelle de la taille d'une communauté réside dans sa dépendance envers son arrière-pays immédiat pour son alimentation de base et son énergie, mais elle prévoyait que toutes les communautés soient reliées par un réseau de transports et de communications, afin que les idées et les produits puissent aller là où ils étaient demandés ; l'administration devait travailler avec rapidité et facilité, et aucune communauté ne devait être coupée du réseau d'échange. Mais ce réseau ne devait pas être dirigé de haut en bas. Il ne devait pas y avoir de centre de contrôle, pas de capitale, pas d'établissement d'un mécanisme bureaucratique auto-reproducteur ni d'une tendance dominante des individus cherchant à devenir des capitaines, des patrons, des chefs d'États.
(chap. IV)


"- Si nous étions meilleurs que n'importe quelle société humaine, dit Tirin, alors nous devrions les aider. Mais cela nous est interdit.
- Interdit ? C'est un mot non organique. Qui interdit ? Tu es en train d'extérioriser la fonction intégrante elle-même, déclara Shevek, penché en avant et parlant avec force. L'ordre n'est pas "les ordres". Nous ne quittons pas Anarres parce que nous "sommes" Anarres. Étant Tirin, tu ne peux pas quitter la peau de Tirin. Cela pourrait te plaire d'essayer d'être quelqu'un d'autre pour voir à quoi cela ressemble, seulement tu ne peux pas. Mais tu n'en es pas empêché par la force ? Sommes nous ici retenus de force ? Quelle force - quelles lois, quels gouvernements, quelle police ? Rien de tel. Simplement notre propre être, notre nature d'Odonien. C'est ta nature d'être Tirin, et la mienne d'être Shevek, et notre nature commune est d'être des Odoniens, responsables envers les autres. Et cette responsabilité est notre liberté. L'éviter, ce serait perdre notre liberté.
Aimerais-tu vraiment vivre dans une société où tu n'aurais aucune responsabilité et aucune liberté, aucun choix, seulement la fausse option de l'obéissance à la loi, ou la désobéissance suivie d'un châtiment ?...
...Et qui nous ment à ton avis ? demanda Shevek.
- Qui, frère ? Qui sinon nous mêmes ?
La planète soeur brillait au dessus d'eux, sereine et lumineuse, bel exemple de l'improbabilité du réel."

Ce qu'il ne faut pas oublié (jamais) pour qu'une utopie persiste:

"Vous avez peur de nous là-bas. Vous craignez que nous puissions ramener la révolution, la vieille révolution, la vraie, cette révolution désireuse de justice que vous avez commencée, puis que vous avez abandonnée à mi-chemin. Ici, ils me craignent moins parce qu'ils ont oublié la révolution. Ils ne croient plus en elle. Ils pensent que si les gens possèdent assez de choses ils sont contents de vivre en prison. Mais je ne crois pas à cela. Je veux abattre les murs. Je désire la solidarité, la solidarité humaine."

"J'essaye d'expliquer ce qu'est réellement la fraternité pour moi. Cela commence...cela commence par le partage de la souffrance."

"C'est notre souffrance qui nous réunit. Ce n'est pas l'amour. L'amour n'obéit pas à l'esprit, et se transforme en haine quand on le force. Le lien qui nous attache est au-delà du choix. Nous sommes frères. Nous sommes frères dans ce que nous partageons. Dans la douleur, que chacun d'entre nous doit supporter seul, dans la faim, dans la pauvreté, dans l'espoir, nous connaissons notre fraternité. Nous la connaissons, parce que nous avons dû l'apprendre. Nous savons qu'il n'y a pas d'autre aide pour nous que l'aide mutuelle, qu'aucune main ne nous sauvera si nous ne tendons pas la main nous-mêmes. Et la main que vous tendez est vide, comme la mienne. Vous n'avez rien. Vous ne possédez rien. Vous êtes libre. Vous n'avez que ce que vous êtes, et ce que vous donnez. Je suis ici parce que vous voyez en moi la promesse que nous avons faite il y a deux cents ans dans cette ville - la promesse tenue. Car nous l'avons tenue, sur Anarres. Nous n'avons que notre liberté. Nous n'avons rien à vous donner que votre propre liberté. Nous n'avons comme loi que le principe de l'aide mutuelle entre individus. Nous n'avons comme gouvernement que le principe de l'association libre. Nous n'avons pas d'états, pas de nations, pas de présidents, pas de dirigeants, pas de chefs, pas de généraux, pas de patrons, pas de banquiers, pas de seigneurs, pas de salaires, pas d'aumônes, pas de police, pas de soldats, pas de guerres. Et nous avons peu d'autres choses. Nous partageons, nous ne possédons pas. Nous ne sommes pas prospères. Aucun d'entre nous n'est riche. Aucun d'entre nous n'est puissant. Si c'est Anarres que vous voulez, si c'est vers le futur que vous vous tournez, alors je vous dis qu'il faut aller vers lui les mains vides. Vous devez y aller seuls, et nus, comme l'enfant qui vient au monde, rien posséder, dont la vie dépend entièrement des autres gens. Vous ne pouvez pas prendre ce que vous n'avez pas donné, et c'est vous-même que vous devez donner. Vous ne pouvez pas acheter la Révolution. Vous ne pouvez pas faire la Révolution. Vous pouvez seulement être la Révolution. Elle est dans votre esprit, ou bien elle n'est nulle part."

"Si on considère [la Révolution] comme ayant une fin, elle ne commencera jamais réellement."

"Tout le monde est révolutionnaire sur Anarres"

"La solidarité, oui ! Mais nous avons trahi cet espoir. Nous avons laissé la coopération se transformer en obéissance. Sur Urras, ils sont gouvernés par la minorité. Ici, nous sommes gouvernés par la majorité. Mais c'est un gouvernement ! La conscience sociale n'est plus une chose vivante, mais une machine, une machine de pouvoir, contrôlée par des bureaucrates !"

« Où veux-tu en venir ? grommela Takver, s’enfonçant plus profondément sous la couverture. — Eh bien, à ceci. Que nous avons honte de dire que nous avons refusé un poste. Que la conscience sociale domine complètement la conscience individuelle, au lieu d’être en équilibre avec elle. Nous ne coopérons pas – nous obéissons. Nous craignons d’être proscrits, d’être traités de paresseux, de dysfonctionnels, d’égotistes. Nous craignons l’opinion de notre voisin plus que nous ne respectons notre liberté de choix. Tu ne me crois pas, Tak, mais essaie, essaie seulement de t’écarter de toi, juste en imagination, et regarde comment tu te sens. Tu te rends compte alors de ce qu’est Tirin, et pourquoi c’est une épave, un esprit perdu. C’est un criminel ! Nous avons créé le crime, tout comme les propriétaires. Nous forçons un homme hors de la sphère de notre approbation, et ensuite nous le condamnons pour cela. Nous avons fait des lois, des lois de comportement conventionnel, nous avons construit des murs tout autour de nous-mêmes, et nous ne pouvons pas les voir, parce qu’ils font partie de notre pensée. Tir n’a jamais fait cela. Je le connaissais depuis que nous avions dix ans. Il n’a jamais fait cela, il n’a jamais pu construire de murs. C’était un rebelle naturel. Un Odonien naturel – un vrai ! C’était un homme libre, et le reste d’entre nous, ses frères, nous l’avons poussé à la folie en punition de son premier acte libre. » (Takver et Shevek, p. 334)"

"Il était facile de partager quand il y avait assez pour toute la table, même juste assez. Mais quand il n'y avait pas suffisamment ? Alors la force intervenait ; la force qui faisait le droit ; le pouvoir, et son outil, la violence, et son plus fidèle allié, le regard qu'on détourne."

Il avait le droit de prendre une compensation pour ce qu'il avait manqué, mais il ne voulait pas l'expliquer. L'existence est sa propre justification, le besoin est le droit.

"Pour lui, la pensée ne devait pas nier une réalité au profit d'une autre, mais les inclure et les relier. Ce n'était pas facile."

"Comme tous les murs, il était ambigu, avec ses deux côtés. Ce qui se trouvait à l'intérieur et ce qui était à l'extérieur dépendait du côté du mur d'où l'on regardait."

On ne peut pas briser les idées en les réprimant. On ne peut les briser qu'en les ignorant. En refusant de penser, refusant de changer.



Sur la Terre ( écrit en 1974!) : 
"Ma planète, ma Terre, est une ruine. Une planète gaspillée par la race humaine. Nous nous sommes multipliés, et gobergés et nous nous sommes battus jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, et ensuite nous sommes morts. Nous n'avons contrôlé ni notre appétit, ni notre violence: nous ne nous sommes pas adaptés. Nous nous sommes détruits nous-mêmes. Mais nous avons d'abord détruit la planète."


Sur la beauté de la vie:

« Pourquoi paraît-elle si belle ? Dit Takver (…) Alors que nous savons que ce n’est qu’une planète comme celle-ci, ajouta-t-elle, avec seulement un meilleur climat et des gens pires – alors que nous savons que ce sont tous des propriétaires, qu’ils font la guerre, et des lois, et que certains mangent pendant que d’autres meurent de faim, et que cependant ils vieillissent tous et ont des problèmes et des rhumatismes dans les genoux et des cors aux pieds tout comme les gens d’ici… alors que nous savons tout cela, pourquoi paraît-elle si heureuse – comme si la vie là-haut devait être heureuse ? (…) - Si tu peux voir une chose entière, dit-il, elle semble toujours belle. Mais de près, un monde n’est formé que de rocs et de poussière. Et au jour le jour, la vie est dure, on se fatigue, on perd de vue le modèle. On a besoin d’éloignement, d’un intervalle. Le moyen de voir comme la vie est belle, c’est de la voir depuis la position avantageuse qu’est la mort. "(p. 198-199)

Sur l'amour:
« Qu’est-ce qui te gêne dans le plaisir, Takver ? Pourquoi n’en veux-tu pas ? - Il n’y a rien qui me gêne. Et je désire le plaisir. Seulement je n’en ai pas besoin. Et si je prenais ce dont je n’ai pas besoin, je n’obtiendrais jamais ce dont j’ai besoin. - Et de quoi as-tu besoin ? (…) - J’ai besoin de lien, dit-elle. Du vrai lien. Le corps et l’esprit, et pendant toutes les années de ma vie. Rien d’autre. Rien de moins. » (p. 188-189)

Sur être soi

Il arrive un moment, quand on a dans les vingt ans, répondit Bedap, ou l'on doit choisir si on va être comme tout le monde pendant le reste de sa vie, ou si l'on doit cultiver ses particularités.

❌Allez une critique: Je dirais que cette extraordinaire écrivaine ne connaissait pas le réel développement des enfants de 0 à 6 ans et les effets de l'hospitalisme même si les parents pouvaient venir dès qu'ils le souhaitent.

lundi 1 novembre 2021

Day trip to the stables at Les écuries du Vieux Moulin à Saint Germain

 Friday, 17th of June 2021 the children of the 3-6 class went on a day trip to the stables at Les écuries du Vieux Moulin à Saint Germain.



It was the culmination of our horse theme semester which we had to defer due to the pandemic, and the health restrictions. This meant that our children were well versed in proper horse terminology and know-how and were very happy to demonstrate it.

The weather was very hot, but the children behaved admirably throughout the day. We met up in the parking lot between 8-9 in the morning, and after putting our yellow safety vests on we walked to the cafeteria where we were welcomed by Laetitia, and we were allowed to put all our backpacks down.

The children were split into three groups so that every child would have an equal amount of attention: one group went to ride ponies, one group went to learn how to take care of a pony, what to feed a pony, where it sleeps, how to clean out its box. This activity also allowed the children to brush and wash a pony, which was a lot of fun



The third group did craft with a horseshoe, one horseshoe per two children, so make sure you check out their work when you come to see us at school! The activities were rotated so that each child was able to do every activity.




We all ate our lunch together in the cafeteria. Afterwards, we went to a small park nearby and had a run and a dance, Stéphanie brought the speakers! Some of us had a lie down in the grass and others had fun racing and rolling down the hill.

When we returned to the stables we split into two groups, one group went for a lengthy walk and ride on horseback, they saw a lot of fun nature. 


The other group did acrobatics on horseback! Afterwards, we did a quick swap, and both groups had a chance for a second ride on horseback and little acrobatics.


By this time the children were quite exhausted, but all very happy. So, we took them to a field to have their snack and wait for mum and dads, and that’s where they were all collected!

All in all, a really great day, which we all enjoyed! Thank you to the great staff at Les écuries du Vieux Moulin and thank you to our accompanying parents for the support and the effort!

Gabrielle

samedi 30 octobre 2021

Sensorial comparison

After a lot of practice with the sensorial material, we encourage the children to extend their experience with the different available materials with extra exercises meant to help them explore their environment through discovering how interconnected the world around them is. 


In these photos, you see the children compare volume and size, as well as internalize the mathematical properties of cubes.

 

Here the children are comparing the pink tower with the binomial and trinomial cubes, as well as the very joyous discovery by one child that the golden bead ‘one-thousand’ cube can also be placed in the pink tower to complete it. 

 


Gabrielle

jeudi 21 octobre 2021

Parrot World

On the 1st of June 2021, we took the 2 to 3 years old class and the 3-6 years old class out on an outing to Parrot World in Crécy-La-Chapelle. We were very lucky to have beautiful weather.

 

The parents dropped the children off at Parrot World, and after a short walk, we were welcomed by the staff. We were able to leave our bags and extra coats in the cloakroom at the entrance.

 


At 9:00 we were taken on a guided tour during which we were introduced to a lot of interesting animals, where they came from, how they live, what they like to eat and how they have their young. They also showed us skulls and what their teeth looked like. We saw penguins, which confusingly are not called penguins in French, parrots, otters, jaguars amongst many other animals.

 








For lunch, we went to pick up our things at the entrance, and we found a place in the grass, in the shade as it was already quite warm, on the picnic field. We ate our packed lunches together, after which our older children were allowed to go explore the climbing area, a wonderful wooden structure with lots of different challenges. Our youngest returned to school to rest at this point.

 


We took the children on another tour of the park, and this time we saw both jaguars walking about and having a little stretch. We watched the otters being fed fish. We even caught the capibara go for a swim and a run!


 

We returned to the picnic area to have our snack: some children choose to sit together on the grass while others preferred to share a bench seated near each other. With snacks finished and our area cleaned up, we returned to the climbing area which was such a success before!

 


We were all tired and happy at the end of the day! Thank you to all the parents who came along, we really appreciated your company, and you were a great help to us! Thank you also to the staff of Parrot World, for an excellent day, the instructional tour and the support around the park!

Gabrielle

jeudi 14 octobre 2021

Quand le Mind Mapping s’invite à l’école Montessori de Crécy-la-Chapelle

 

Le 21 janvier dernier, j’ai eu l’immense plaisir d’animer un atelier « Découverte du Mind Mapping » auprès des enfants de l’ambiance 6-12 ans à l’école Montessori bilingue de Crécy-la-Chapelle (77580), le Verger d’Elisa.

Ce fut une après-midi riche et agréable !

Les enfants ont pu découvrir dans une ambiance ludique ce qu’est le Mind Mapping et comment construire une mind map (appelée aussi carte mentale ou carte heuristique) mais surtout, ils l’ont fait !
En effet, à l’issue de l’atelier de 2h, chaque enfant avait produit sa propre mind map et pour la grande majorité d’entre eux, c’était une première !




Le Mind Mapping est un outil puissant de pensée visuelle qui offre une façon amusante et créative de travailler. Il « parle » au cerveau grâce à une présentation visuelle, colorée et structurée. Les apprentissages sont donc facilités et l’enfant est acteur de ses apprentissages !

Il m’est apparu comme une évidence qu’un atelier sur le Mind Mapping s’inscrivait dans l’esprit Montessori. Ces deux-là sont faits pour se rencontrer !

Je suis passionnée par le mind mapping et la pensée visuelle, et la pédagogie Montessori m’enthousiasme grandement.

J’ai d’ailleurs conçu plusieurs visuels en relation avec la pédagogie Montessori et la vie de Maria Montessori. En voici quelques échantillons :


Lors du dernier championnat de France de Mind Mapping, j’ai même réalisé ma mind map « Catégorie Créativité » sur le thème de la pédagogie Montessori.

A l’école Montessori Le Verger d’Elisa, cette carte a été joliment accrochée juste au-dessus des cadres d’habillage. Merci pour cet honneur !


Mais revenons à notre atelier…

Les enfants ont donc travaillé en binômes. L’enseignante a bien pris soin de mixer les âges et les niveaux et ce, afin de favoriser l’échange et l’entraide.

Chacun devait faire une mind map sur le thème des préférences de son camarde de binôme… tout était guidé bien sûr, sous notre oeil bienveillant !


En effet, la bienveillance envers soi-même et envers les autres était de mise à travers le partage et l’entraide entre les plus grands et les plus jeunes. Le droit à l’erreur a fait partie des fondements de base de ce nouvel apprentissage.

De plus, la manipulation étant au centre de la pédagogie Montessori, j’ai voulu cet atelier pratique… Les enfants ont fait, ont expérimenté par eux-mêmes. Pas de théorie, mais de l’expérimentation… pour se rendre compte des SUPER-POUVOIRS du Mind Mapping !

Maria Montessori disait : « Apprends-moi à faire seul » et c’est exactement l’état d’esprit dans lequel cet atelier a été conçu !

Je me suis réjouie de voir à quel point les enfants étaient imaginatifs, créatifs et n’avaient pas les croyances limitantes qui peuvent nous bloquer nous, en tant qu’adultes (« Je suis nul en dessin », « Je n’y arriverai jamais », etc.).

Les enfants se sont tous prêtés au jeu avec beaucoup d’enthousiasme et ont produit, au final, des superbes cartes.


Les enfants ont donc découvert ce formidable outil qu’est le Mind Mapping mais ils ont surtout compris à quoi cela pourrait leur servir concrètement dans leurs apprentissages et dans leur vie de tous les jours.

Je souhaite terminer cet article en disant un grand merci à la directrice de l’école Le Verger d’Elisa mais aussi aux enseignants et aux enfants pour leur accueil chaleureux et pour leur confiance.

Merci également à mes formateurs et coachs Cyril Maitre et Claudia Eusébio de me guider avec bienveillance dans la dissémination des bonnes pratiques du Mind Mapping.

Vive la pédagogie Montessori et vive le Mind Mapping !


samedi 22 mai 2021

Practical Life within the Montessori method

 

The practical life area of a classroom plays a very important role within a Montessori environment. Practical life materials are the first activities a child is introduced to in a Montessori classroom. One of the reasons for this is because practical life activities help support early skill-building as well as a child’s desire to be self-sufficient. These activities are those that a child sees around him every day and that adults tend to perform with ease.

 


One of the hallmarks of the Montessori method is that it takes full advantage of the child’s motivation to learn these things at a very young age. These activities provide the foundation for all other activities in the Montessori classroom, fulfilling the child’s plea: “Help me to do it myself!”.



These exercises can start with something as simple as pulling pants up or washing hands and can get as complicated as baking a dessert. Through activities in daily living, such as pouring and scrubbing, sewing and gardening, or practising grace and courtesy, the child gains confidence and mastery of the environment. After individual skills are refined, children apply them in purposeful work, such as serving juice or polishing.

     

 

Specifically, these activities contribute to the control and coordination of movement, development of concentration, and the self-esteem that comes with making a real contribution to the group. It’s particularly important that adults understand that when presented as an approachable, impactful challenge, these activities provide confidence and independence to the children. It’s not “just” getting dressed or "just" juicing an orange if you do it yourself. The child is learning to follow a complex motor sequence, independently, in order to fulfill his own desires and needs. These skills, when taught early in life, allow children to believe in themselves.



Julie

mardi 18 mai 2021

Discipline et Liberté. Les 2 vont de pair!

Discipline et Liberté

Texte inédit d’une conférence que Maria Montessori prononça en novembre 1949 à Paris, deux ans environ avant sa mort. Il ne fut publié que dans la revue Pédagogie, en mai 1950. Ce numéro est épuisé, c’est pourquoi nous le reproduisons à votre intention. Madame J.J. Bernard en avait préparé le texte écrit. Maria Montessori a bien voulu le revoir et l’approuver.

Une maîtresse inexpérimentée se trouve en but à bien des problèmes malgré son enthousiasme et sa confiance, quand il s’agit de faire naître la discipline intérieure au sein de la petite communauté d’enfants. Elle s’imagine qu’ils doivent être libres de choisir leurs occupations et qu’il ne faut jamais les interrompre dans leurs activités spontanées. Ni semonces, ni menaces ; les récompenses et les punitions ne sont pas permises. Il lui faut rester silencieuse et  passive, et attendre patiemment... Et c’estainsi qu’elle agît, prête à effacer sa propre personnalité, afin de laisser s’épanouir librement l’esprit de l’enfant.

Elle a mis à la disposition de la classe une grande quantité de matériel, peut-être tout le matériel… Et voilà que le désordre commence ; il s’accroît et risque d’atteindre des proportions inquiétantes…

Serait-il possible que les principes que l’on vient de lui enseigner soient faux ? Non, ils ne sont pas faux. Mais entre la théorie et le résultat, quelque chose manque : l’expérience pratique. Les débutants ont besoin d’être guidés et éclairés sur ce point. Il nous faut nous rappeler que la discipline intérieure est un but à atteindre, et non pas quelque chose de préexistant. Notre fonction de maître est d’être le guide sur le chemin de la discipline. La discipline apparaîtra lorsque l’enfant aura concentré son attention sur un objet qui l’attire, et cette concentration rendra possible, non seulement un exercice utile, mais encore lecontrôle de l’erreur. Une merveilleuse coordination de la personnalité enfantine naîtra grâce à ces exercices, révélant un enfant calme, radieux, studieux, s’oubliant lui-même, donc indifférent aux prix, aux récompenses matérielles. Ces petits conquérants du monde environnant de soi-même sont véritablement des hommes supérieurs ; ils nous révèlent l’âme divine qui est en l’homme. La tâche bienfaisante de la maîtresse est de montrer le chemin de la perfection, en en fournissant les moyens et en supprimant les obstacles - à commencer par elle-même – car elle peut-êtrele plus grand de tous les obstacles. 

Si la discipline existait déjà, notre travail serait inutile ; l’enfant serait guidé par un instinct sûr qui lui permettrai de supplanter toutes les difficultés. Mais l’enfant de trois ans qui arrive à l’école est un combattant, du fait qu’il a déjà été soumis à la répression. Il s’est développé dans une attitude défensive qui masque sa nature profonde. Ses énergies supérieures sont en sommeil, alors qu’elles pourraient le conduire à la paix dans la discipline et la  sagesse divine. Tout ce qui reste d’actif en lui, c’est la personnalité superficielle qui se dépense en mouvements incoordonnés et en idées vagues, cherchant à combattre ou à fuir l’oppression de l’adulte. La petite âme est déjà repliée dans sa coquille. Mais la sagesse et la discipline attendent d’être éveillées chez l’enfant. Il a subi la répression, mais sa coquille n’est pas encore durcie. Nos efforts ne seront pasvains. L’école doit donner des règles à son esprit, ainsi que la possibilité de s’épanouir. En outre, la maîtresse doit se rappeler que les réactions de défense, et, plus généralement, les caractéristiques inférieures acquises par l’enfant, sont des obstacles à l’expansion de sa vie spirituelle.

Il faut donc qu’il soit libéré de ces obstacles-là aussi. C’est là le point de départ de l’éducation. Si la maîtresse ne sait distinguer les simples impulsions de l’énergie spontanée qui jaillit de l’esprit au repos, son action restera infructueuse. La base même de la tâche de la maîtresse, pour qu’elle soit efficace, repose dans la capacité de distinguer entre ces deux activités ; toutes deux paraissent spontanées parce que l’enfant dans les deux cas, agit de sa propre volonté ; mais leur signification est opposée.

C’est seulement lorsqu’elle aura acquis cette possibilité de discrimination, que la maîtresse pourra devenir l’observatrice etle guide. La préparation nécessaire est semblable à celle du médecin : il lui faut d’abord apprendre à discriminer le phénomène physiologique du phénomène pathologique. S’il ne sait pas distinguer la maladie de la santé, il ne pourra pas reconnaître les différences de plus en plus subtiles entre les phénomènes pathologiques ; il lui sera impossible de poser un diagnostic correct. Cette aptitude à distinguer le bien du mal, c’est comme la lampe qu’il nous faut tenir à la main pour nous éclairer sur la route obscure de la discipline qui conduit vers la perfection. Est-il possible d’extraire quelques symptômes ou quelques combinaisons de symptômes assez explicitement, pour aider, même théoriquement, à reconnaître les différents stades à travers lesquels l’âme de l’enfant passe au cours de son ascension vers la discipline ? Oui cela est possible ; et c’est une pierre d’angle que nous pouvons poser pour aider la maîtresse pratiquement.

1. L’enfant au stade du chaos

Considérons l’enfant de trois où quatre ans qui n’a pas encore été atteint par les facteurs qui feront naître en lui la discipline intérieure. Trois caractéristiques coexistent en lui qui sont facilement reconnaissables sur une triple description.

*Les mouvements volontaires sont désordonnés. Je ne parle pas ici de l’intention des mouvements, mais des mouvements eux-mêmes : la coordination fondamentale manque. Le petit enfant maladroit qui fait des mouvements désordonnés montrera par ailleurs, d’autres caractères évidents – cris et contorsions – mais dont la signification sera moins précise. Une éducation qui coordonnera délicatement les plus petits mouvements supprimera, par là même, tous les désordres des mouvements volontaires. Plutôt que d’essayer de corriger les mille manifestations extérieures d’une déviation, il suffira à la maîtresse d’offrir des moyens de développer avec exactitude les moindres mouvements : tels que placer un tout petit cube au centre d’un carré…

*Une autre caractéristique qui accompagne toujours la précédente, c’est la difficulté ou l’incapacité de fixer son attention sur des choses vraies. Son esprit préfère vagabonder dans le domaine de la fantaisie. Jouant avec des pierres ou des feuilles, il parle de préparer un délicieux banquet, de mettre des couverts magnifiques, d’envoyer des invitations…et son imagination s’égarera sans doute encore davantage quand il grandira. L’intelligence s’épuise, se séparant sans cesse de sa fonction normale, et déviant un instrument utilisable par l’esprit qui en a besoin pour le développement de la vie intérieure. Beaucoup de gens malheureusement croient que cette force qui désagrège la personnalité est précisément la force qui développe la vie spirituelle. On prétend ordinairement que la vie intérieure est créatrice par elle-même, qu’au dehors il n’y a rien… de l’ordre des feuilles mortes… La vie intérieure au contraire se construit sur les bases fondamentales d’une personnalité unifiée, orientée solidement dans le monde extérieur. L’esprit vagabond qui se sépare de la réalité se sépare donc de sa fonction normale, par conséquent de la santé. Dans ce monde de fantaisie vers lequel il tend, il n'existe aucun contrôle de l’erreur, rien qui soit capable de coordonner la pensée. L’intérêt pour les choses réelles, pour leurs applications futures, est amoindri. Il faut que la maîtresse cherche a attirer l’attention de l’enfant sur quelque chose de réel, en rendant la réalité accessible et attrayante. Il faut que la maîtresse réussisse à intéresser l‘enfant à la mise d’un vrai couvert, sur une vraie table, à server un vrai repas ; alors la voix de cette maîtresse, comme un appel de trompette, rappellera l’esprit qui s’était égaré. L a coordination des petits mouvements apporté par le rappel de l’attention à la réalité sera le seul remède nécessaire.

Nous n’avons pas besoin de corriger un à un les aspects plus ou moins évidents d’une déviation fondamentale. Aussitôt que l’esprit est capable de se fixer sur des choses vraies, l’intelligence fonctionne sainement.

*Le troisième phénomène – concomitant aux deux autres – est une tendance à l’imitation sans cesse grandissante. Ce signe de grande faiblesse constitue une exagération d’un trait de caractère qui est normal chez l’enfant plus petit, c’est à dire de deux ans. Cela indique une volonté qui n’a pas encore qui n’a pas encore préparé ses instruments ni trouvé son cours, mais qui suit les indications des autres. L’enfant n’a pas pénétré sur le chemin de la perfection ; comme un bateau sans gouvernail, il est le jouet des vents. Quiconque observe un enfant de deux ans avec ses idées imitatives pour tout bagage, saura reconnaître cette autre forme d’imitation dont je parle en relation avec le désordre et l’instabilité et qui fait régresser l’enfant, comme s’il descendait les degrés d’une échelle. Il suffit que dans une classe un enfant se livre à un acte brutal, bruyant, tel que se jeter par terre, rire ou crier, pour que plusieurs faits, peut-être tous, suivent son exemple. L’action sotte se multiplie et se répercute à travers un groupe, voire à travers toute la classe. Cette sorte d’imitation conduit au désordre collectif, antithèse de la vie sociale qui relève du travail et du bon ordre. L’imitation propage et exalte au sein du groupe les défauts d’un seul : c’est le point de moindre résistance par ou commence la désintégration. Plus cette forme de désordre prend corps, plus il déviant difficile aux enfants d’obéir à celle qui les rappelle vers des choses meilleures. Mais mettez les enfants sur la bonne voie, et vous verrez la fin des conséquences dues à une faute initiale.

2. L’éveil de l’enfant

Cette maîtresse peut se trouver dans une grande anxiété lorsqu’elle se trouve appelée à diriger toute une classe composée de tels enfants, lorsqu’elle ne possède que l’idée de base : leur donner les moyens de développement et les laisser libre de s’exprimer. Le petit enfer qui a commencé à se dessiner attire à lui tous les enfants ; et la maîtresse, si elle reste passive, se trouve submergée par le bruit et la confusion. Celle qui, par manque d’expérience ou par excès de rigidité, ou par excès de simplicité des principes se trouve dans cette situation, doit se souvenir des possibilités en sommeil dans ces âmes. Elle doit aider ces petites créatures qui sont en train de se précipiter sur la pente descendante. Elle doit les appeler, éveiller ce qui dort encore, grâce à sa voix er à sa pensée. N’ayez pas peur de détruire le mal. Il n’y a que le bien que nous devons craindre dedétruire. De même que nous devons appeler un enfant par son mon avant même qu’il ne sache répondre, de même il est nécessaire d’appeler vigoureusement son âme. La maîtresse prend ses matériaux à l’école, de même que ses principes ; puis elle doit faire face par elle-même à la situation. Le problème ne peut être résolu que grâce à son intelligence, et il sera différent dans chaque cas particulier. La maîtresse connaît les symptômes et les remèdes – en fait, la théorie du traitement – et c’est à elle de faire le reste. Le bon médecin, comme le bon maître, est un individu, non une machine à administrer des médicaments ou à appliquer une méthode d’éducation. Les détails doivent être laissées au jugement de la maîtresse lorsqu’elle fait ses premiers essais. Ainsi elle doit savoir s’il vaut mieux, dans le désordre élever la voix ou bien parler bas à un petit groupe d’enfant ; elle pourra faire taire les autres, en suscitant leur curiosité. Un accord violemment frappé sur le piano peut parfois stopper le désordre, comme un coup de fouet.

3. L’ordre apparent

Une maîtresse expérimentée n’aura jamais le même désordre dans sa classe parce que, avant de se retirer sous sa tente, elle veillera d’abord, dirigeant les enfants comme pour les « préparer » d’une façon indirecte, c’est à dire mettant un frein aux mouvements incontrôlés. Il existe, dans ce but, une série d’exercices préparatoires dont la maîtresse doit se souvenir ; les enfants dont l’attention n’est pas fixée y trouveront une aide solide. Calme, vigilante et patiente, sa voix doit atteindre les enfants pour les diriger ou les exhorter ; certains de ces exercices sont particulièrement utiles, tels que ranger les tables et les chaises sans faire de bruit, mettre les chaise en rang et s’y asseoir, courir d’un bout à l’autre de la classe sur la pointe des pieds… Si la maîtresse est réellement sûre d’elle, il peut-être suffisant de dire "maintenant soyons calmes"… et le calme surviendra comme par enchantement. Les petits esprits errants, ainsi rappelés par les plus simples exercices de vie pratique, se retrouveront au travail comme sur la terre ferme. Peu à peu la maîtresse présentera le matériel, mais jamais pourtant, elle n’en laissera le libre-choix tant que les enfants n’en auront pas bien compris l’usage.

Maintenant observons une classe calme ; les enfants sont en contact direct avec la réalité ; leurs occupations ont un but pratique, tel que d’essuyer une table pour enlever la poussière,… Ils vont au placard, prennent une pièce de matériel, l’emploient correctement. Il semble que le libre-choix ait été gagné, grâce à l’exercice. En général la maîtresse est satisfaite, mais il lui semble que le matériel déterminé par la méthode Montessori soit insuffisant et elle se trouve devant la nécessité d’en rajouter. En une semaine l’enfant aura utilisé tout le matériel et recommencé plusieurs fois les exercices. Peut-être la majorité des écoles ne vont-elles pas au-delà de ce stade. Un facteur, et un seul, révèle la fragilité de ce bon ordre apparent et menace de faire écrouler tout l’édifice : les enfants passent d’une chose à l’autre, font l’exercice une fois et vont chercher quelqu’autre chose dans l’armoire. Le mouvement vers l’armoire est continuel. Pas un de ces enfants ne trouve sur terre l’intérêt capable d’éveiller un lui sa nature à l’image de Dieu : sa personnalité ne s’exerce pas, ne se développe pas, ne se fortifie pas. Dans ces contacts flottants, le monde extérieur ne peut avoir sur lui l’influence qui équilibre l’esprit. L’enfant est comme l’abeille qui vole de bouton en bouton, mais ne trouve pas la fleur où s’installer pour en extraire le nectar et être satisfait. Il n’arrive pas à s’installer. Il ne trouve pas ce point ou il sent s’éveiller en lui cette merveilleuse activité instinctive destinée à construire son caractère et son esprit. La maîtresse sent combien sa tâche est difficile, à ce moment où l’attention est dispersée. Elle aussi va, en général, d’un enfant à l’autre, les entraînant par sa propre anxiété, dans une agitation fatigante.

Beaucoup d’enfants, dès qu’elle a le dos tourné, jouent avec le matériel, s’en lassent et l’utilisent de façon absurde. Pendant qu’elle est occupée avec l’un d’eux les autres font des erreurs. Le progrès moral et intellectuel attendu avec tant de confiance ne paraît pas. Cette discipline apparente est chose très fragile et la maîtresse qui sème le désordre dans l’air est dans un perpétuel état de tension. La grande majorité des maîtresses insuffisamment entraînées ou expérimentées finissent par croire que "l’enfant nouveau" tant attendu, dont on lui a tant parlé, n’est qu’une illusion, un type idéal. Il est nécessaire que la maîtresse puisse comprendre la condition des enfants : ils sont dans une période de transition - ils attendent – leur petit esprit frappe à la porte, attendant que l’on veille bien l’ouvrir. En ce qui concerne le progrès, il y a peu de choses à constater. Ce stade est plus près du chaos que de la discipline.  Tout le travail de ces enfants sera imparfait ; les mouvements élémentaires de coordination seront sans force et sans grâce, et leurs actions capricieuses. Ils ont à peine progressé par rapport au premier stade auquel ils n’étaient pas en contact avec la réalité ; ce n’est qu’une convalescence après la maladie.

Dans cette période cruciale du développement, la maîtresse doit exercer deux fonctions différentes : d’abord avoir un regard sur tous les enfants ; ensuite donner des leçons individuelles, c’est-à-dire offrir le matériel régulièrement en montrant comment s’en servir avec exactitude.

Le regard à l’ensemble de la classe et les leçons individuelles exactes sont les deux éléments qui aident le développement de l’enfant. La maîtresse doit faire attention, à ce stade, de ne jamais tourner le dos à la classe, pendant qu’elle s’occupe isolément d’un enfant. Sa présence doit être sensible à toutes ces petites âmes à la recherche de la vie éternelle. La leçon exacte et puissante donnée dans l’intimité à chaque individu séparément est une offrande qu’apporte la maîtresse à la profondeur de l’esprit de l’enfant. Celui qui est appelé se revêt d’un aspect de grandeur. Un beau jour un petit esprit s’éveille. Le moi prend possession de certain objet. L’attention se fixe sur la répétition de l’exercice ; l’exécution s’en perfectionne. Le rayonnement de la contenance de l’enfant indique que son esprit vient de naître.

4. La Discipline

Le libre-choix est une activité d’ordre supérieur ; seul, l’enfant qui sait ce dont il a besoin pour exercer et développer sa vie spirituelle, peut réellement choisir librement. On ne peux pas parler de libre choix lorsque tous les objets extérieurs appellent également l’enfant, et que, manquant de direction dans sa volonté, il passe sans fin d’une chose à l’autre.

C’est là une des distinctions les plus importantes que la maîtresse doit être capable de faire. L’enfant qui n’obéit pas encore à un guide intérieur n’est pas l’enfant libre qui s’achemine sur la route étroite et longue de la perfection. Il est encore l’esclave des sensations superficielles qui font de lui le jouet de l’ambiance. Son esprit rebondit d’un jouet à l’autre comme une balle. L’homme est né, lorsque l’âme se fixe, s'oriente et (se) choisit. Ce phénomène émouvant et si simple apparaît en chaque être : chacun possède la possibilité de choisir dans un milieu compliqué et multiforme ; c’est ce qui est nécessaire au maintien de la vie. Chaque plante choisit, grâce à sa racine, parmi les nombreux éléments du sol, ceux dont elle a besoin ; un insecte choisit exactement et se fixe sur la fleur même qui doit le recevoir. En l’homme cependant, ce même discernement merveilleux n’est pas un pur instinct ; il doit s’acquérir. Les enfants ont, et particulièrement dans les premières années de leur existence, une sensibilité intérieure en relation avec leurs besoins spirituels, et que la répression et l’éducation erronée peuvent faire disparaître. Nous avons perdu nous-même cette sensibilité profonde et vitale et nous nous trouvons devant sa résurrection en l’enfant, comme devant la révélation d’un système.

Cela surgit dans l’acte délicat du libre choix qu’une maîtresse inexpérimentée risquerait de piétiner avant seulement de l’avoir remarqué, comme un éléphant écraserait un bouton de fleur dans l’herbe. L’enfant qui a fixé son attention sur un objet choisi et qui concentre tout son être sur la répétition d’un exercice est une âme sauvée, en ce qui concerne la santé spirituelle dont nous parlons. Ce n’est plus la peine de nous préoccuper de lui autrement que pour lui préparer son milieu, afin qu’il trouve l’aliment de son activité et pour lui enlever les obstacles susceptibles d’obstruer chez lui le chemin de la perfection.

C’est à la naissance de ces phénomènes supérieurs que la maîtresse doit se retirer, afin que l’esprit de l’enfant soit libre de s’épanouir et de s’exprimer ; l’important dans sa tâche est désormais de ne pas interrompre l’enfant au travail. Voici maintenant la période pendant laquelle la délicatesse morale de l’enfant, acquise au cours de son expérience, se montrera dans sa manière de réfréner aussi bien l’aide que l’admiration. La maîtresse doit apprendre, ce qui n’est guère facile, comment servir ou comment demeurer une simple observatrice. D’ailleurs pour servir, elle doit aussi observer ; car le phénomène de la naissance de la concentration chez l’enfant est aussi fragile qu’un tendre bourgeon. Mais ce ne sera plus pour assister de sa propre force des esprits encore faibles, qu’elle devra observer ; elle  observera afin de reconnaître l’enfant dont l’attention s’est concentrée afin d’assister à cette glorieuse renaissance de l’esprit.

L’enfant qui se concentre est heureux par lui-même, inconscient de ses voisins et de son entourage. Pour un instant son esprit est comme la conscience de sa propre personnalité. Quand il sort de sa concentration, il semble averti, comme pour la première fois, du monde qui l’entoure. Et c’est d’une portée illimitée pour des découvertes ultérieures ; il est averti aussi de ses compagnons envers qui il montre un intérêt affectueux. Il s’éveille à l’amour des êtres et des choses, gentil et affectueux envers tous, prêt à admirer tout ce qui est beau. L’enfant s’isole tout simplement et, en lui, surgit un caractère fort et pacifique qui rayonne l’amour autour de lui. De cette attitude naissent le travail sans répit, l’obéissance, et en même temps la joie de vivre. Le résultat de la concentration, c’est l’éveil du sens social. La maîtresse doit être préparée à ce qui va suivre : pour ces petits coeurs nouveaux nés, elle sera la créature bien-aimée. Ils vont la découvrir comme ils ont récemment découvert le bleu du ciel et l’odeur presque imperceptible des petites fleurs cachées dans l’herbe. Les besoins de ces enfants si riches d’enthousiasme et dont les progrès semblent des explosions, peuvent embarrasser la maîtresse inexpérimentée.

Aussi bien que précédemment, ce n’étaient pas les mille désordres de l’enfant qu’elle devait prendre en considération, mais les signes de ces besoins fondamentaux, de même maintenant ne doit-elle pas se laisser accabler par les innombrables signes de beauté, par toute la richesse morale qui débordent. Elle doit toujours tendre vers quelque chose de simple et de central. C’est comme le pivot sur lequel tourne une porte ; ce pivot est nécessairement caché, mais indépendant de l’ornementation de la porte même qui peut être richement sculptée. La mission de la maîtresse tend toujours à quelque chose de constant et de précis. Elle commence à se sentir inutile parce que les progrès de l’enfant sont disproportionnés par rapport au rôle qu’elle joue. Elle voit constamment les enfants devenir plus indépendants dans le chois de leurs occupations et dans leur faculté d’expression ; et leurs progrès semblent quelquefois presque miraculeux. Elle se sent tout simplement une servante dont l’humble tâche est de préparer le milieu et de s’effacer. Elle se souvient du mot de Jean-Baptiste après que le Messie se soit révélé : "Je dois décroître afin qu’il croisse." C’est toutefois le moment où son autorité sera la plus recherchée.

Ainsi un enfant dont l’action intelligente a produit un dessin, un mot écrit, ou quelque autre petite chose s’en vient demander à la maîtresse si c’est bien, mais il ne vient jamais demander ce qu’il doit faire ni comment il doit le faire. En vérité ces enfants-là se défendent contre toute aide. 

Le choix et l’exécution sont les précieuses prérogatives de l’âme libérée.

Mais lorsque le travail est accompli, ils vont alors le faire sanctionner par son autorité. Un instinct analogue leur fait défendre énergiquement leur domaine spirituel privé. C’est l’obéissance mystérieuse à cette voix que chacun semble entendre au fond de lui-même ; et puis, ils soumettent ensuite leurs actions à l’autorité extérieure comme pour s’assurer qu’ils sont sur la bonne voie. Cela fait penser au petit enfant qui fait ses premiers pas sur ses jambes incertaines, et qui a besoin de voir les bras de l’adulte se tendre vers lui, prêts à empêcher sa chute, bien que le pouvoir qui initie et qui perfectionne l’action de marcher se trouve dans l’enfant lui-même. La maîtresse doit répondre d’un mot de consentement et encourager d’un sourire comme la maman sourit à l’enfant qui fait ses premiers pas. La sûreté, la perfection doivent se développer en l’enfant grâce à des sources intérieures auxquelles la maîtresse n’a rien à voir. 

En effet, une fois l’enfant sûr, il ne recherchera plus l’approbation de l’autorité à chaque pas. Il commencera à accumuler des travaux terminés dont personne ne sait rien, obéissant simplement au besoin de produire en quantité et de perfectionner sa production. Ce qui l’intéresse est de finir son travail, non pas de le voir admiré ni de le voir amassé comme sa propriété ; le noble instinct qui le pousse à agir est bien loin de la fierté ou de l’avarice. Beaucoup de personnes ayant visité nos écoles se rappelleront comment les maîtres leur ont montré les plus beaux travaux des enfants sans leur indiquer les auteurs. Cet oubli apparent du travail honnête, laborieux, vient en réalité de ce que la maîtresse sait que cela n’a pas d’importance pour l’enfant. Dans d’autres écoles, la maîtresse se sentirait coupable si, en montrant un beau travail, elle ne présentait pas son auteur. Si elle oubliait de le faire, elle pourrait peut-être même entendre la protestation de l’enfant : "C’est moi qui ai fait cela !" Dans nos écoles au contraire, l’enfant qui a fait le travail est sans doute dans un autre coin, absorbé par un autre labeur et son plus grand désir est de ne pas être interrompu.

Et c’est la période pendant laquelle la discipline s’établit : une forme de paix active, d’obéissance et d’amour, pendant laquelle le travail se perfectionne et se multiplie, tout comme au printemps les fleurs se colorent, précurseurs des fruits sucrés et rafraîchissants.

Maria Montessori



Ps: Je rappelle quand 1950, il est normal de croire en dieu. Cela n'enlève rien à la justesse de l'observation de l'enfant.